Les activités occultées représentent 2 à 5% du PIB mondial. La corruption a pris de l'ampleur dans le monde. Elle n'est plus un phénomène individuel, mais plutôt un phénomène politique. Ce constat émane du professeur de droit et de fiscalité à Marseille, Michel Fourrique. «Les instruments de lutte contre la corruption» était le thème d'une communication qu'il a présentée, hier, au deuxième jour de l'université d'été de la Ccfc (Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité). M.Fourrique s'est étalé, en fait, sur le sujet en se basant sur des données générales. Pour lui, la coopération judiciaire entre les nations est un moyen efficace pour combattre la délinquance financière (corruption et blanchiment d'argent). «La corruption est devenue aujourd'hui systémique», a-t-il souligné. Une évaluation de cette délinquance révèle, selon lui, que les activités occultées représentent 2 à 5% du PIB mondial. Il donnera l'exemple de son pays, la France, pour appuyer son intervention. Entre 1996 et 2006, 900 élus français ont été mis en examen dont 63 élus poursuivis pour délit financier. Il poursuivra, que la propagation de la délinquance financière mène à la destruction de la confiance du peuple, donc à la destruction de la démocratie. Notre pays n'est pas épargné par ce phénomène. L'Algérie demeure rongée par un haut niveau de corruption. L'indice 2006 de perception de la corruption (IPC), établi chaque année par Transparency International (TI) lui a accordé la note de 3,1 sur 10. L'indice 2005 était, faut-il le rappeler, 2,8 sur 10. En 2003 et 2004, l'Algérie avait obtenu 2,6 et 2,7. Le niveau de la corruption demeure donc élevé. L'affaire de la société mixte algéro-américaine, Brown Root et Condor (BRD), qui concerne la surfacturation et la surévaluation de certains marchés, dont elle a bénéficié, est, pour certains, une preuve on ne peut mieux du niveau très élevé de la corruption en Algérie. Cela sans oublier les énormes scandales et les détournements au niveau des banques. La corruption demeure, faut-il le souligner, l'obstacle principal qui entrave le développement de l'économie nationale. D'ailleurs, la fuite des capitaux est estimée, annuellement, à 500 millions de dollars. Malgré l'engagement officiel des autorités algériennes à éradiquer ce phénomène, plusieurs spécialistes du domaine estiment que les choses évoluent à un rythme très lent. Il est essentiellement reproché aux autorités algériennes le manque de transparence dans la gestion de la sphère économique. Malheureusement, outre l'Algérie, le phénomène de la corruption touche plusieurs pays arabes. Selon l'organisation internationale pour la transparence et la lutte contre la corruption, les pays arabes «payent», chaque année, la bagatelle de 300 milliards de dollars en raison de la corruption. Un chiffre qui représente pas moins de 20 millions de postes d'emplois annuellement.