Après avoir attendu plus de quatre heures, les avocats ont décidé de quitter la salle d'audience. Le procès du ressortissant égyptien, Yasser Salem, n'a pas eu lieu hier. Programmée dans l'agenda de la cour d'Alger, l'audience a été reportée à une daté ultérieure. Motif du report: absence des magistrats. Reportée à deux reprises pour absence de l'accusé et de l'un des avocats, cette fois-ci, c'est au tour des juges de faire faux bond. Ces derniers n'étaient pas prêts à examiner le dossier. Après avoir attendu plus de quatre heures, les avocats ont décidé de quitter les lieux. Maintenue ou reportée? s'interrogeaient avocats et journalistes. Pendant tout ce temps-là, les magistrats ont observé le silence. Aucune information n'est parvenue pour donner suite à l'attente des présents. Même les trois détenus étaient également au rendez-vous. Il s'agit, rappelons- le, de l'Egyptien Yasser Salem, alias Abou Djihad, de Mohamed Hadj Naâs et Lahmar Aouad. Ces derniers sont accusés d'activité terroriste. Résidant en Algérie depuis une dizaine d'années, Yasser Salem, principal accusé, est poursuivi pour «constitution, appartenance et financement d'un groupe terroriste armé activant en Algérie et à l'étranger, refus de dénonciation ainsi que faux et usage de faux». Il est accusé d'être à la tête d'un réseau chargé de recruter et d'envoyer de jeunes Algériens combattre contre les troupes américaines en Irak. Ce ressortissant étranger aurait recruté 300 personnes. Les trois accusés ont été incarcérés en février 2005 par les services de sécurité algériens. Deux ans après, l'affaire traîne encore au niveau de la cour d'Alger. Le procès est pour le moment suspendu. Hier, aucune date n'a été avancée. Les détenus doivent patienter encore pour connaître leur sort. «C'est malheureux ce qui se passe», réagit l'avocate Boumerdassi, chargée de la défense de l'accusé égyptien. «C'est une atteinte à la défense», affirme, de son côté, Me Bouchachi. Ce dernier regrette comme tous ses collègues, le comportement du président de l'audience. Est-il logique de faire attendre l'assistance plusieurs heures? se demande-t-il. Les robes noires étaient en colère, hier. Alors qu'il venaient juste de protester contre ce comportement, rien n'a changé. La situation demeure la même. S'exprimant sur le cas de son client, le grand avocat égyptien, spécialisé dans les affaires de terrorisme, Motassar Ziad, a déclaré que la loi sur la réconciliation nationale devrait concerner tout le monde. Ce dernier ne comprend pas pourquoi certains ont été acquittés et d'autres non. «Je souhaite que l'Etat algérien qui tient à ses origines arabes, ne fasse pas de différence entre ses ressortissants et les étrangers», estime l'avocat. Même si les accusations sont confirmées, précise-t-il, elles ne ciblent ni l'Algérie, ni le peuple algérien, ni les institutions algériennes. L'accusé, justifie-t-il, a voulu participer à la libéralisation de l'Irak. Au cas où l'accusé sera condamné à une lourde peine, l'avocat n'écarte pas la volonté de viser la nationalité égyptienne.