La rencontre quadripartite du Caire a été, tout compte fait, un non-événement. C'est sur initiative du président égyptien, Hosni Moubarek, que le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, et le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, se sont rencontrés en présence du roi Abdallah II de Jordanie, dans la station balnéaire égyptienne de Charm El Cheïkh. L'objectif principal de cette rencontre a été de mettre en place une stratégie aux fins de conforter le gouvernement d'urgence de Mahmoud Abbas en Cisjordanie, et d'isoler totalement celui du Hamas dans la bande de Ghaza. Parmi les premières mesures annoncées par Ehoud Olmert, le déblocage d'une partie des avoirs financiers palestiniens détenus par Israël, d'un montant de 450 millions de dollars; la libération de 250 prisonniers du Fatah (Israël détient plus de 11.000 Palestiniens dans ses geôles) et la levée de certains barrages de contrôle sur les 500 qui encerclent la Cisjordanie. Rien de spectaculaire et, en fait, sans conséquence mesurable sur la situation dans les territoires occupés. De son côté, Mahmoud Abbas s'engage à «combattre et à neutraliser» les groupes armés du Hamas à Ghaza et en Cisjordanie. Pour leur part, l'Egypte et la Jordanie accentueront le contrôle du passage des armements vers les islamistes du Hamas. Ainsi, déjà coupée en deux sur le plan géographique, les territoires palestiniens le sont maintenant sur le plan politique. Sachant les limites des forces de sécurité du gouvernement d'urgence en Cisjordanie, il n'est pas exclu que l'Etat hébreu décide de s'en mêler directement et physiquement à Ghaza. Ehoud Olmert qui perd du terrain en Israël, depuis la défaite de «Tsahal» contre le Hezbollah au Liban-Sud en juillet-août 2006, tentera ainsi de resserrer les rangs de son parti centriste Kadima autour de lui. La grande question restée en suspens concerne le sort de la population de Ghaza. Prise en otage entre les islamistes du Hamas et l'armée israélienne, elle devra compter sur l'aide humanitaire pour survivre. Depuis l'arrivée au pouvoir du Hamas, en mars 2006, l'Etat hébreu s'était fixé comme objectif l'élimination du parti islamiste palestinien. Soutenu en cela par les USA et l'Europe, il semble bien qu'Israël ait atteint son but d'isoler le Hamas. Déjà complexe, la situation dans les territoires palestiniens occupés, notamment à Ghaza, est devenue aujourd'hui inextricable. Il est loin le temps des discussions et des engagements d'Israël et de la communauté internationale pour la création d'un Etat palestinien libre et indépendant. D'ailleurs, au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons qu'une réunion du Quartette pour le Proche-Orient (ONU, USA, UE et Russie) s'est tenue hier matin à Jérusalem-Ouest, de laquelle aucune information n'a filtré, a l'exception de l'éventuelle désignation de l'ex-Premier ministre britannique, Tony Blair, en tant que représentant spécial du Quartette dans la région. Les frontières de 1967 ne sont plus à l'ordre du jour. Les priorités semblent ainsi avoir changé du tout au tout. Aussi, le retour au terme central du contentieux israélo-palestinien qui reste l'édification de l'Etat palestinien indépendant, risque de prendre du temps, beaucoup de temps. En attendant, qui s'inquiète du fait que l'Etat hébreu poursuit son expansion en Cisjordanie par la construction de nouvelles colonies juives de peuplement? Qui va s'inquiéter du sort des réfugiés palestiniens? Enfin, qui conduira la résistance palestinienne contre l'occupant israélien? En acceptant l'aide et l'assistance d'Israël pour faire tomber le Hamas à Ghaza, le Fatah de Mahmoud Abbas limite ses capacités de négociation face à Israël. Surtout celle pour laquelle les Palestiniens se battent depuis 1948: l'indépendance et la liberté.