Abdenbi est une pyramide de l'extérieur, mais le génie et le secret se trouvent au fond de ses entrailles. Déjà quarante années de carrière dans la chanson? Que le temps passe vite! A cet effet, la Chaîne II a rendu un vibrant hommage à Aït Menguellet, jeudi soir dans l'émission Ighzif ayidh. Lounis, de son vrai nom Abdenbi Aït Menguellet est né à Ighil Bouamès. Un village de la Haute Kabylie, en 1950. Il commence à chanter en 1967. Mais il se décourage vite, n'étaient des amitiés solides, il n'aurait jamais pu continuer. Dans l'émission de la Chaîne II de la Radio nationale, Les chanteurs de demain de Chérif Kheddam, il chante sa première chanson Ma trud ula dhnak akther «si tu pleures, moi je pleure encore plus». Kamel Hamadi et Wahab parent et ami, se chargeront des contacts avec des éditeurs. A partir des années 70, Lounis devient l'un des symboles de la revendication identitaire, à l'instar de Matoub, Idir, Inasliyen...qui s'expriment d'une façon éclatante. Aït Menguellet reste malgré les aléas des conjonctures et de l'ingratitude humaine, l'un des plus populaires des chanteurs kabyles. Et surtout le plus dense et le plus profond, parce qu'il a su garder ses distances en faisant la part des choses, c'est-à-dire entre le professionnel et le privé. Lounis a un riche répertoire varié et tous les thèmes sont abordés, du social à la politique, en passant par la revendication identitaire et à la promotion des droits de l'homme, en général. L'événement a eu lieu à l'auditorium de la Radio en présence du directeur général de la Radio nationale, M.Azzedine Mihoubi, le directeur de la Chaîne II, qui ont présenté leurs hommages à Lounis, tout en profitant pour échanger des cadeaux à l'occasion, ainsi que des figures emblématiques de la chanson kabyle, notamment, Akli Yahiatène, Kamel Hammadi, Taleb Rabah, Nouara, Hadjira...et le grand poète Ben Mohamed, qui avait marqué de son verbe ciselé, une grande partie du répertoire de l'invité d'honneur. Pour les fans, quand Lounis chante, c'est de la magie, car chanter, c'est pour dire quelque chose. Comme il aimait à le dire souvent. Aït Menguellet a un auditoire de tout âge au point que son écho traverse les frontières jusqu' au Maghreb et l'Europe. Durant cette soirée, Lounis gardera jalousement en souvenir ces témoignages et anecdotes de ses amis de parcours et ses proches qui ont été à ses côtés pendant une quarantaine d'années de carrière. Abdenbi est une pyramide de l'extérieur, mais dont le génie et le secret se trouvent au fond de ses entrailles. Un point noir a été remarqué parmi l'assistance, car nombreux furent ceux qui ne sont pas satisfaits de n'avoir pas évoqué le défunt Matoub, durant cette soirée, si ce n'était le geste de la chanteuse Nouara.