Ces derniers se retrouvent obligés de travailler au noir, dans des conditions difficiles et avec des salaires faibles. L'immigration irrégulière des travailleurs en Algérie connaît un véritable «essor». Le phénomène prend des proportions incontrôlables. Le nombre de travailleurs immigrants clandestins est de plus en plus important. Pas moins de 7000 travailleurs étrangers entrent, chaque année, dans notre pays d'une manière illégale. En 2003, quelque 4870 travailleurs étrangers en situation irrégulière ont été recensés. Entre 1999 et 2003, ils étaient 28.800 travailleurs étrangers non déclarés. Ces chiffres ont été avancés, hier, par le représentant du ministère du Travail, M.Bachir Benbouzid, invité du forum d'El Moudjahid à une rencontre sur les flux migratoires. Ce ne sont là que les chiffres fournis par la Gendarmerie nationale. Il faut dire que le nombre exact de cette communauté ne peut être défini en raison du manque de statistiques. Ce qui laisse déduire que le nombre de travailleurs étrangers activant dans l'informel est encore plus important. Ces derniers se retrouvent, dans divers secteurs, obligés de travailler au noir dans des conditions difficiles et avec des salaires faibles. Parfois leurs conditions frisent l'asservissement. Parallèlement, l'immigration légale des travailleurs reste aussi importante. Entre 2006 et 2007, 30.000 à 32.000 travailleurs étrangers déclarés sont recensés, selon les estimations du département du travail. Détaillant ces chiffres, M.Benbouzid indique qu'en 2003, 10.564 travailleurs étrangers ont été recensés. Une baisse significative a été enregistrée en 2004 avec seulement 6963 travailleurs qui sont passés ensuite à 18.000 en 2005. Ces travailleurs représentent 105 nationalités. Les chinois viennent en tête de liste avec 45% du total suivis des Egyptiens avec 11% et des Italiens avec 3,5%. Les Philippins, les Américains et les Français représentent 3% par nationalité. Par qualification, les agents de maîtrise représentent 27,5% du total, les qualifiés et hautement qualifiés 25,05%, les cadres supérieurs représentent 23% du total et les sans, qualification 0,75%. La majorité de cette catégorie de travailleurs est concentrée dans quatre wilayas, à savoir Alger, Oran, Ouargla et Adrar avec un taux de 65%. C'est en raison du déficit enregistré dans certaines disciplines que notre pays se trouve dans l'obligation de faire appel à des travailleurs étrangers. En effet, rien que dans le secteur du Btph, il y a une grande demande de main-d'oeuvre qualifiée plus particulièrement pour réaliser le programme du 1 million de logements, dont la réception est prévue pour 2009. Ainsi, 51% activent dans ce domaine et 45,2% sont recensés dans l'industrie. D'une manière globale, l'Algérie accueille, aujourd'hui, 40% des flux migratoires en provenance du sud. 40% des immigrés utilisent l'Algérie comme pays de transit et 20% ne savent pas pourquoi ils se rendent dans notre pays, c'est-à-dire qu'ils viennent sans but précis. L'émigration algérienne est celle qui rapporte le moins à son pays, comparativement à l'Egypte, au Maroc et à la Tunisie, estime M.Malek Serraï, consultant international. De son côté, l'ancien ministre du Travail, M.Laâychoubi indique que 200 millions de migrants sont recensés en 2005 dans le monde, dont 48,6% sont des femmes et 75% d'entre eux vont vers une douzaine de pays. 1,8 million migrent pour des raisons d'études. Leur accroissement est de 7% entre 1960 et 2002. L'Europe est le premier continent d'immigration avec 56 millions de personnes. Selon l'intervenant, l'économie étrangère vise une main-d'oeuvre bon marché et surqualifiée. Raison pour laquelle plusieurs pays optent pour une immigration sélective. Cependant, de son avis, même avec ce système, les Etats vont toujours chercher à refouler les immigrés après une période déterminée. Ils estiment qu'ils représentent un risque sur leur vie sociale et identitaire.