Le ministre de l'Intérieur présentera son projet, samedi, devant la commission juridique de l'APN. Le débat sur l'amendement de la loi électorale promet d'être houleux. Le projet de Zerhouni est, dit-on, loin de répondre aux aspirations de la classe politique. Au lendemain de sa publication, les premières réactions tombent. «Le projet lui même ne va pas changer grand-chose», estime le président du groupe parlementaire du MSP, M.Isad Ahmed. Sur le terrain, les modifications n'apporteront rien de nouveau estime-t-il. «Les amendements proposés sont une réaction immédiate à ce qui s'est passé le 17 mai dernier», a-t-il encore dit. D'ailleurs, notre interlocuteur ne voit pas l'utilité de réviser ces articles, alors qu'il y en a d'autres plus importants. Il s'agit, selon lui, du mode électoral, de l'organisation et de la surveillance des élections. «On aurait aimé que la révision de la loi électorale soit faite dans sa globalité», affirme-t-il. Pour lui, c'est le moment ou jamais de le faire. Si on veut un système électoral transparent, suggère M.Isad, il faut revoir toute la loi et pas uniquement quelques articles. Effectivement, puisque le gouvernement s'est engagé dans cette démarche, il aurait pu faire d'une pierre deux coups. D'autant plus que l'efficacité du système électoral a largement montré ses limites. Les amendements en question n'évoquent pas cette problématique. Ce dernier constate que le projet n'exclut pas les petits partis du champ politique. Cependant, il durcit un peu les conditions de participation. «Je pense que cela vise à motiver les petits partis pour qu'ils soient représentatifs au niveau national», avance le député du MSP. M.Isad juge que les conditions imposées aux petits partis ne sont pas contraignantes. Or, cela est loin de rassurer les petits partis. Une coalition regroupant 13 partis a été formée. Celle-ci ne va pas lâcher prise. Elle promet, d'ores et déjà, de rejeter le projet lors de son débat. Le parti de l'opposition de Saïd Sadi n'est pas en reste. «Le projet en question ne traduit pas le souci de doter l'Algérie d'institutions crédibles, mais plutôt une tentative de justifier l'abstention du 17 mai dernier», affirme M.Mohcène Belabès, porte-parole du RCD. Selon lui, tout le monde sait que le problème n'est pas la loi électorale mais plutôt la fraude électorale. Or, dans le texte du projet de révision, explique-t-il, il n'est nullement question d'essayer de bannir la fraude électorale. Le document tourne uniquement autour du seuil de participation. Contrairement aux autres partis, le RND se dit satisfait. «Nous sommes à la recherche d'une voie et des moyens pour parvenir à une démocratie moderne et intelligente», déclare M.Chihab Seddik. Pour lui, toute initiative est bonne. Même si le projet n'aborde pas la loi dans sa globalité, il n'en demeure pas moins qu'il va dans le bon sens selon lui. Le durcissement des conditions de participation permettra, estime-t-il, d'assainir la situation politique. Cette démarche traduit une volonté de rendre les institutions plus crédibles. Avis partagé par le parti majoritaire le FLN. Dans l'amendement de l'article 82, il est précisé que seuls les partis ayant obtenu plus de 4% des voix lors des trois dernières consultations locales et ceux disposant d'au moins 600 élus locaux, peuvent parrainer une liste de candidatures aux élections locales. Lorsque la liste d'un parti participant pour la première fois ne remplit pas les conditions, elle doit être appuyée par au moins 5% de signatures des électeurs inscrits dans la circonscription concernée. Quand il s'agit de liste indépendante, elle doit recueillir la signature d'au moins 5% des électeurs inscrits dans la circonscription. A noter, qu'un électeur ne peut parrainer plus d'une liste sous peine de sanctions prévues par la loi. Idem pour l'article 109 concernant la participation aux législative. Enfin, le ministre de l'Intérieur présentera son projet, samedi, devant la commission juridique de l'APN. Le projet passera en plénière mardi prochain. Ce projet risque d'être rejeté par les députés. Ces derniers sont nombreux à contester son contenu. Sachant que ce dossier revêt un caractère urgent, l'équipe de l'APN va-t-elle faire barrage? La réponse sera connue la semaine prochaine.