Le juge d'instruction près le tribunal d'Es-Sedikkia a prononcé, mercredi, la mise sous les verrous de deux accusés dans l'affaire de la commercialisation de ciment avarié qui avait défrayé, dernièrement, la chronique à Oran. Les accusés au nombre de douze, dont six sont toujours en fuite, sont poursuivis pour les délits d'atteinte à l'économie nationale, dissimulation et non-dénonciation de crime, déclaration et publicité mensongères faux et usage de faux. Le gérant de la Sarl RotAlgérie, de nationalité libanaise et le propriétaire des magasins qui ont servi au stockage du ciment, ont été écroués au terme de leur audition par le magistrat instructeur. Tout a commencé quand la Sarl RotAlgérie, une filiale de la firme panaméenne, Seamar, basée à Paris, a commencé à importer des quantités de ciment pour les écouler à Oran. RotAlgérie profitera de la fermeture des unités Erco de Béni Saf et Zahana pour des problèmes d'atteinte à l'environnement pour s'adonner à la rétention du produit et entrer dans des manoeuvres spéculatives. Le ciment importé sera alors stocké dans des hangars à Chtaïbo et Haï Bouamama. Au cours de la dernière opération d'importation effectuée par cette firme, 9.400 tonnes de ciment seront déchargées au port d'Oran. De cette quantité, 1.300 tonnes seront vendues sur les quais du port grâce à la complicité d'un douanier, aujourd'hui en fuite et le reste de la cargaison ira aux magasins loués par la Sarl. Quelques mois après, les filiales de Zahana et Béni Saf de l'Erco reprennent leur activité et, pour reprendre une part du marché, pratiquent des prix concurrentiels. C'est ce qui fera que RotAlgérie et ses relais se retrouveront avec de grandes quantités de ciment arrivé à péremption sur les bras. Le génie des responsables de cette entreprise les poussera alors à verser dans l'illégalité en recourant au reconditionnement du ciment dans des sacs frappés du sigle de l'Erco Zahana. Le marché local sera alors inondé de ciment inutilisable. Cet état de fait poussera les éléments de la Sûreté de wilaya, le 25 février dernier, à procéder à une enquête pour déterminer l'origine de ce ciment. Les échantillons prélevés dans les stocks de la RotAlgérie, envoyés au laboratoire régional des travaux publics, révéleront que le ciment Portland, objet de la saisie conservatoire, est inutilisable. Au cours de l'enquête, les policiers découvriront des sacs de ciment vides propriété de l'Erco Zahana, du ciment reconditionné et une autre quantité de ce produit qu'on s'apprêtait à concasser avant de le tamiser et le proposer à la vente. On parle à Oran de grandes quantités de ce ciment encore proposées à la vente sur le marché local. On parle aussi de murs et de dalles construites avec ce produit et qui présentent de graves défauts et des fissures. La justice, qui s'est saisie du dossier, a prononcé deux mises sous les verrous et accusé des employés des magasins de cette Sarl de non-dénonciation de crime et de dissimulation. On croit savoir aussi que la direction de l'Erco Zahana aurait décidé de se constituer partie civile dans cette affaire.