Courroucés et ne sachant à quel saint se vouer, les habitants de Boussaâda continuent d'occuper les rues pour la septième nuit consécutive. Le verdict de la Ligue nationale de football (LNF) est tombé tel un couperet la semaine dernière avec, comme conséquence, la relégation de l'équipe phare de la région -Amel Boussaâda- en division interrégions. La pilule est dure à avaler. Les habitants de cette région, même conscients de la rationalité de la décision prise à l'encontre de leur club, n'ont pas digéré une telle mésaventure. Des supporters ont déferlé dans les artères de Boussaâda en saccageant tout sur leur passage. La circulation routière est paralysée, des incendies sont déclenchés, etc. Contraints à riposter, les éléments de la force anti-émeutes, basés au sein du lycée Benchebira, ont déjà arrêté pas moins de 160 jeunes. Les émeutes s'amplifient jour après jour. Selon un confrère, dans son édition d'hier, la police aurait utilisé des gaz lacrymogènes dont la date de péremption serait dépassée de 4 mois. Une question qui taraude les esprits mérite d'être posée. Un banal mécompte sportif mérite-t-il un tel déchaînement? A vrai dire, cette affaire sportive n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. Un prétexte permettant à ces jeunes de dire, tout haut, ce qu'ils ressentent, depuis longtemps, tout bas. Un alibi pour dénoncer la précarité d'une vie sociale qu'ils mènent au compte-gouttes. Le chômage, le logement, la hogra, les prix dispendieux des fruits et légumes -inabordables à deux mois du mois sacré du Ramadhan-, mais surtout l'absence d'écoute des autorités locales à toute doléance, voilà les véritables arguments d'un tel ras-le-bol. A quatre mois des élections locales, le citoyen qui a tourné le dos aux précédentes législatives ne se sent toujours pas concerné. La confiance en les gouverneurs, voire les décideurs, n'est pas de mise. Cette protestation violente menée par des jeunes n'a rien à voir, en réalité, avec la relégation du club local en division inférieure. Les affrontements de Boussaâda, illustrent la situation précaire de ces jeunes et moins jeunes vivant au ralenti. La wilaya de Bordj Bou Arréridj, récemment, a sombré, à la suite d'un match de football, il y a à peine deux mois, dans une violence aveugle, trois jours durant. Bilan: 40 blessés parmi les manifestants et une vingtaine du côté des forces de l'ordre. Entre bénéficiaires et exclus du tirage au sort des 1000 logements, la tension a été vive à Oran au début du mois en cours. Exacerbés, les émeutiers de Boussaâda veulent saisir le président de la République ainsi que le ministre de la Jeunesse et des Sports. Neuf associations comptent le faire dans les meilleurs délais. Mais qu'a-t-il à voir le chef de l'Etat dans une affaire qui n'est, après tout que l'application du règlement en vigueur, d'autant plus que les dirigeants du club sanctionné ont reconnu avoir commis une erreur en alignant un joueur sous le coup de la suspension.