Ras-le-bol n La ville de Boussaâda, déjà assise sur un terrible volcan de contestations et de violences, retient son souffle et attend avec impatience le verdict des instances du football concernant l'avenir de son club-phare, l'ABS. La commission de recours de la fédération algérienne de football (FAF) devra rendre son verdict dans les prochaines heures concernant l'affaire du match NARB Réghaïa - A Boussaâda, comptant pour l'ultime journée du championnat de la Super DII. Pour rappel, la ligue nationale de football (LNF) avait décidé, en application des articles 171 et 245, de donner match perdu à l'ABS pour avoir fait jouer un joueur suspendu ce qui a entraîné la relégation de ce club en interrégions et le repêchage de l'USM Bel Abbes qui avait rétrogradé, elle, à l'issue des résultats de cette dernière journée du championnat. La pression médiatique exercée par les dirigeants de l'USMBA et leur saisine de la LNF pour crier et dénoncer la combine a fini par faire réagir les instances ayant pris en main le dossier. Sauf que la décision prise en première instance par la structure d'Ali Malek a provoqué l'irréparable : de violentes émeutes dans la paisible oasis de Boussaâda où l'on a constaté plusieurs arrestations (24 supporters interpellés), des blessés et des dépassements en tout genre. Les dirigeants de l'ABS n'ont pas été épargnés et le président du club, Nadir Laihar, a vu ses locaux commerciaux incendiés, c'est dire la gravité des événements qui ont éclaté dans cette ville à cause du football, mais qui en fait cachaient la mal vie et tous les problèmes socio-économiques que vit quotidiennement la jeunesse de cette région du pays profond. N'oublions pas qu'il y a quelques semaines seulement, des émeutes semblables, avec leurs lots d'échauffourées, de casses, d'institutions saccagées et brûlées, de blessés et d'arrestations, ont eu lieu à Ras El-Oued, dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj à l'issue d'un match de football entre l'équipe de cette localité et celle de Bordj Ghedir. Les incidents ayant émaillé cette rencontre ont été la goutte qui a fait déborder le vase et qui a mis sur le tapis les différents maux et problèmes qui affectent la deuxième agglomération de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Il n'est pas dit également que la ville de Bel Abbes ne se «soulèverait» pas si la FAF déboutait le club de la Mekkera après que la LNF l'eut repêché. Il faut dire que le département de Haddadj est vraiment sous pression et semble réticent à s'avancer sur un terrain déjà miné. L'une des deux villes, Boussaâda ou Sidi Bel Abbes, est prête à renouer avec les violences si les autorités et les instances du sport n'arrivent pas à conjurer les mauvais démons et contenir la colère des jeunes à travers des approches moins populistes mais avec un dialogue sincère et surtout des actes. De peur de représailles Certains dirigeants de Boussaâda ont quitté la ville l Hier encore, la tension était perceptible du côté de Boussaâda où le moindre vent d'information venant d'Alger était épié et décrypté. Les autorités et les sages de la ville tentent de calmer les esprits et de sensibiliser les jeunes à se tenir en dehors des opérations de casse qui ne profitent à personne. Certains dirigeants, de peur de représailles, ont quitté la ville, alors que les quartiers populaires (pour ne pas dire populeux) restent barricadés et fermés. Comme à Ras El-Oued ou dans d'autres contrées où les ballons ont déclenché la colère des jeunes, la situation est fragile à Boussaâda et menaçante à Sidi Bel Abbes et un travail colossal attend les autorités et tous ceux versés dans le secteur de la jeunesse pour sortir cette frange de la population de sa léthargie et de sa mal vie. Et quand on a que le football pour respirer et que ce dernier est réprimé, il faut s'attendre au pire.