Kadem Essaher, Yasmina Khadra et Khaled sont les quelques invités prestigieux de cette manifestation. «Je souffre comme ma nation», une phrase lâchée par un jeune Bahreïni dans le film Hikayat Bahrinia du réalisateur Bessam El Douwadi. Un film qui a fait du bruit lors de sa sortie en 2006. Une histoire sociopolitique sur fond de drame humain et d'amour d'impossible. Des images qui nous renseignent sur la situation et le vécu de ces gens dans le contexte terrible de la guerre israélo-arabe de 1967 et la mort du président Gamel Abdel Nasser. En compétition officielle, ce film aborde une histoire vue par le regard d'un enfant, Khalifa, qui épie le quotidien de sa famille et celui de sa société. Une distance objective qui permet de lire cette actualité sous le prisme de cette innocence qui découvre la cruauté des adultes, dans leurs errements et leurs désespoirs. Parmi les personnages galvanisés par l'effervescence politique, il y a Fatima, victime d'un mariage forcé et tourmentée par un amour rendu impossible par la société. Son désespoir et celui de l'homme qu'elle aime les mèneront vers le suicide. Elle finit par s'immoler. Tandis qu'un couple plus jeune affrontera la société qui les appelait à renoncer à un amour semblable. La solidarité des femmes, unies dans leur rejet de la violence et dans leur besoin d'aimer ne résistera pas longtemps devant les lois immuables qu'ont fondées les hommes. Ce film aux images épurées et aux portraits serrés sur les visages, dévoile une amère réalité des sociétés arabes. Cette adaptation de l'oeuvre de Alae El Aswani, rappelle combien le cinéma peut être utile en dénonçant certaines injustices qui devraient être révolues. Culture, politique et religions combinés constituent la trame complexe de ce film qui laisse parfois place au silence et aux réflexions politiques pointues. Projeté mardi dernier à la cinémathèque d'Oran, dans le cadre du Festival international du film arabe qui se tient à Oran depuis le 28 juillet, ce long métrage de 95 minutes fait partie de ce lot des films dont l'horaire de projection restent aléatoire. En effet, beaucoup de cafouillages, propres, diront certains aux «premières éditions» ont émaillé en tout cas cette manifestation. On aura beau ramener les meilleurs techniciens étrangers, si la salle n'est pas bien équipée, rien ne sera parfait. 10 millions de centimes de Bachir Derraïs à titre d'exemple a fait les frais de ces «dérèglements», puisque le film censé être reporté a finalement eu lieu sans la présence de son réalisateur et son acteur principal, présents pourtant à Oran. Nadia Chérabi s'est confondue en excuses en voyant son film l'Envers du miroir «coupé» à plusieurs reprises...Entre un programme chargé dispatché entre la cinémathèque, le Théâtre de verdure et la salle le Colisée, il y a aussi de quoi perde la tête et rater finalement la moitié du programme. Mais là, c'est une question de goût. Le public manque souvent au rendez-vous. L'événement rassemble aussi un nombre important de têtes cinématographiques et d'autres artisans du 7e art entre réalisateurs, producteurs et comédiens et comédiennes maquillées à outrance, sans oublier une forte délégation de journalistes arabes. Tout ce qui brille n'est pas forcément de l'or. Saison estivale oblige, ces soirées oranaises sont marquées de distractions festives. Outre l'ouverture qui s'est faite avec le groupe Gaâda Diwan de Béchar, Khaled qui animera la clôture, les organisateurs dudit Festival international du film arabe ont accueilli en grande pompe, lundi, le chanteur irakien Kadem Essaher. Il a été en outre reçu comme un prince à l'hôtel Sheraton par son ami le king du raï, Khaled. Lors d'un point de presse animé à l'hôtel Royal, le chanteur de charme fera d'emblée remarquer que son rôle consiste à chanter, non de faire des discours arguant qu'un artiste est porteur d'un message qui peut être soutenu par les politiciens. Connu d'abord en tant que comédien, Kadem Essaher dira qu'il compte jouer bientôt dans une grande comédie musicale autour de l'épopée de Gamesh (à 30 kilomètres de Baghdad). Une autre tournée le mènera bientôt aux USA. «J'ai déjà enregistré avec Lenny Cravitz un titre contre la politique de Bush. Je n'ai pas honte d'aller chanter là-bas. Je chante et fait propager la voix de mon peuple haut et fort partout dans le monde. C'est pour défendre une cause juste. Quand on se sait dans ses droits, on marche la tête haute», dira Kadem Essaher. L'artiste refusera l'idée véhiculée par les médias, à savoir que le peuple irakien s'entretue. Et d'indiquer, suite à une question relative à sa rencontre avec le président de la République Abdelaziz Bouteflika qui rendra hommage aux artistes du festival: «Je suis fier de ma présence en Algérie. Seuls les Irakiens peuvent défendre leur pays mais après, nous avons besoin du soutien et de l'aide des politiciens.» L'auteur de Zidini Ichka, Ah ya arab, Bagdad la tatakalami et taâli okabilou wadjhaki, fera remarquer qu'il n'a pas le temps de regarder les chaînes musicales, seules les actualités importent pour lui. Evoquant sa présence à ce festival du film arabe, Kadem Essaher relèvera enfin l'utilité de cette manifestation qui représente pour lui une belle renaissance culturelle qui favorise l'émulation entre les pays arabes. Il promet enfin un éventuel duo avec son ami Khaled. Autre invité de ce festival l'écrivain Yasmina Khadra, dont l'adaptation cinématographique de l'oeuvre Morituri est programmée en compétition officielle. L'auteur est venu avec sa famille, dans sa ville, assister à ce festival, en dépit du fait, nous a-t-il avoué, qu'il n'apprécie pas trop cette version cinématographique. Quoi qu'il en soit, le 7e art semble lui faire de nouveau les yeux doux puisque son roman, l'Attentat sera lui aussi adapté au grand écran, par deux réalisateurs, un Anglais et l'autre Arabe, à savoir Ziad Douari. Yasmina Khadra prendra assurément part à l'écriture du scénario, c'est ce qu'il nous a révélé, en aparté avant d'animer un point de presse, mardi dernier.