L'écriture calligraphique devient le lieu de la mémoire et d'une géographie à réinventer. Ali Foudili est un poète qui sait conjuguer le verbe peindre à des temps indéfinis. Le verbe dialogue avec sa forme matérielle comme dans une sorte d'affabulation sublimée. Les couleurs vives côtoient paradoxalement des structures figées, traversées par un jeu de miroir. L'écriture calligraphique devient le lieu de la mémoire et d'une géographie à réinventer. Ce n'est pas sans raison, qu'à travers les tracés géométriques et les espaces ouverts d'une calligraphie-souvenirs transparaît le souvenir marqué paradoxalement du sceau de l'actualité. Le double caractérise cette peinture mêlant diverses expériences, des couleurs claires et sombres, des jeux de luminosité et de rythme donnant à voir une symphonie magistralement quadrillée de la couleur de l'azur et de la colombe. C'est la quête de l'invisible et de l'illisible qui semble travailler ce peintre original qui n'a pas peur d'innover. Cet artiste plasticien, installé depuis quelques années en France, hante les expositions. Il a présenté ses travaux dans de nombreuses galeries. Plusieurs style s'y côtoient donnant à voir une myriade de couleurs, de rythmes et de formes où la lettre arabe tient le haut du pavé. Il y a, également, dans son travail, une sorte de fétichisation de l'objet transformé, transmué en un espace en mouvement. Il use volontiers de parchemins dans un territoire marqué par des formes géométriques béantes (profondeur...). Il sait que son expérience reste à éclore. Il nous parle ainsi de son travail: «C'est une sorte de dialogue entre deux formes artistiques qui travaillent mes peintures, mais cela ne veut nullement dire qu'elles ne concourent pas à une écriture homogène. Mon travail sur la calligraphie donne l'illusion de la mise en branle d'une écriture visible, mais ma ´´lettre´´ est traversée par l'illisible, l'invisible. Il faut dépasser le sens du visible et aller vers l'abstraction.». La fascination de la novation se conjugue avec la contrainte, celle du support par exemple. On sait que la calligraphie ne soutient pas n'importe quel support: «Je suis vraiment contraint par le déficit en supports d'autant plus que la calligraphie n'adopte pas tous les supports. Mon souci est de régler ces problèmes techniques. Il faut, chaque fois, que je trouve des astuces pour, l'intégrer dans un parchemin ou une toile. Le processus de création est beaucoup plus important que les réseaux thématiques.». Ali Foudili qui a, à un moment donné, envisager de mettre en oeuvre une sorte d'«installation itinérante» fonctionnant comme un aménagement original et singulier de l'espace à partir d'un poème «Abyssinie» d'un poète algérien vivant à Paris, Amar Minache, a toujours cherché à intégrer le signe dans une alchimie du verbe avec deux expériences (calligraphie et forme picturale), deux expressions (verbe et ligne), deux couleurs dominantes (le bleu et le rouge). Mais les couleurs chaudes apportent une sorte de stabilité à des travaux marqués par une constante dualité. Dans ce monde apparemment clos, se dégagent une certaine lumière, des ouvertures. Foudili s'explique: «C'est un travail spontané et construit à la fois qui fait appel à la poésie et à l'image. Il ne faut pas perdre de vue que je suis issu d'une famille de poètes; A mes débuts, le rapport entre la calligraphie et la poésie était très fort. J'illustrais des vers. La série «jazz» est l'émanation de cette démarche, expression par excellence de l'interculturalité.». Cet ancien étudiant de l'Institut de communication à Alger, n'arrête pas de vivre la peinture comme un sacerdoce, une ouverture au monde. Il peint, il écrit.