Un «détail» qui peut paraître anodin, mais qui, en réalité, porte une charge symbolique. Serait-ce un nouveau départ pour les relations entre Alger et Paris? Il y a un début à tout dit-on. En effet, deux années seulement après la «première» de son prédécesseur Hubert Colin de Verdière, qui avait qualifié de «tragédie inexcusable» les massacres du 8 Mai 1945, Bernard Bajolet brise un autre «tabou». C'est ce qui a d'ailleurs marqué la cérémonie du 14 Juillet. Pour la première fois, depuis l'indépendance, l'hymne national algérien a été exécuté à l'ambassade de France. Un «détail» qui peut paraître anodin, mais qui, en réalité, porte une charge symbolique. Est-ce une repentance qui ne dit pas son nom, même si lors de sa dernière visite, Nicolas Sarkozy a clos définitivement le dossier? La question s'impose, d'autant plus que la programmation de Kassaman à la cérémonie du 14 Juillet, intervient au lendemain de la célébration du 45e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. Dans une allocution prononcée devant les représentants du corps diplomatique accrédités à Alger, de ministres et hauts cadres de l'Etat algérien, Bajolet affirme que «se tourner vers l'avenir ne signifie pas que l'on veut, ni que l'on peut oublier le passé», avant d'enchaîner: «Nos relations ne pourront connaître une totale sérénité que le jour où nos deux pays se seront rejoints dans une lecture commune de l'histoire.» Pour M.Bajolet «le travail de mémoire doit donc continuer. Il a commencé, mais prendra encore du temps, et c'est la raison pour laquelle il ne doit pas constituer un préalable à l'approfondissement de nos relations». Ces mêmes relations qui doivent être «à l'abri des calculs politiques étroits qui ont parfois miné nos relations de part et d'autre». D'ailleurs, affirme M.Bajolet, la visite de M.Sarkozy à Alger comporte un message fort: «La France est prête à aider dans l'Algérie, si celle-ci partage cette vision, un partenaire majeur et une porte vers la Méditerranée et l'Afrique». Il étalera ensuite les contours du nouveau partenariat entre les deux pays. Cette feuille de route que les présidents Bouteflika et Sarkozy s'apprêtent à approuver à l'automne prochain à Alger. Il évoquera les projets de création d'une université algéro-française, une école de hautes études médicales, une école supérieure des affaires et la formation des cadres algériens. Sans oublier la coopération dans les secteurs de la PME, de l'énergie....et la lutte antiterroriste et les flux migratoires. Autant d'atouts de rapprochement entre les deux capitales, qui pourraient ouvrir une nouvelle étape, en dehors de toute logique de confrontation. Le geste de M.Bajolet, vient, donc en complément à l'action de son prédécesseur, Hubert Colin de Verdière, qui, un certain 27 février 2005, crée la surprise à Sétif. Ce qui aurait pu n'être qu'un déplacement protocolaire, s'est transformé en événement. Je me dois d'évoquer une tragédie qui a particulièrement endeuillé votre région. Je veux parler des massacres du 8 Mai 1945, il y aura bientôt soixante ans: une tragédie inexcusable, a déclaré l'ambassadeur de France lors d'une allocution prononcée à l'intérieur de l'université Ferhat-Abbas. Un homme que Colin de Verdière a salué, au passage, comme “un adversaire” de la France, mais un adversaire respecté.