Les Saoudiens ont été libérés parce que l'Arabie Saoudite a accepté les conditions de Washington. Rien de nouveau. Le sort des Algériens détenus à Guantanamo reste inconnu. Le département américain n'a pas encore rendu sa décision. «Nous n'avons reçu aucune réponse jusqu'à présent», a déclaré, hier à l'Expression, Maître Farouk Ksentini. Le président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme (Cncppdh), assure qu'il n'a aucune nouvelle sur ce dossier. Pourtant, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait annoncé récemment que le dossier connaissait un progrès. «Nous n'excluons pas que des premiers résultats se traduisent par la libération de certains Algériens détenus à Guantanamo» avait alors déclaré M.Medelci. S'exprimant en marge de l'ouverture de l'atelier sur la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (Ciac), le ministre avait affirmé que son département allait recevoir des informations plus précises dans les prochains jours. Parmi les 24 Algériens emprisonnés, six devaient être déjà libérés, selon le ministre. Près d'un mois après cette déclaration, rien de concret n'a été enregistré sur le terrain. Même le chargé du dossier l'ignore. «On attend la réponse du département américain», s'est contenté de dire M.Ksentini. Interrogé sur les 16 Saoudiens libérés lundi dernier, il explique que l'Arabie Saoudite a accepté les conditions posées par Washington. M Ksentini rappelle que l'Algérie a rejeté les exigences de la Maison-Blanche, Alger les considérant comme une ingérence manifeste dans les affaires intérieures du pays. Alger avait alors jugé que les conditions posées sont contraignantes et portent atteinte à la souveraineté de l'Algérie. Washington veut libérer les Algériens à condition qu'ils soient mis sous contrôle. Ce que le gouvernement algérien n'a pas accepté. Une fois libérés, les détenus seront entièrement libres de circuler. Au cas où ces détenus seraient libérés, Me Ksentini estime qu'«ils peuvent revenir en Algérie ou partir ailleurs». Sur ce point, il affirme qu'il n'est pas question de revenir en arrière. «L'Algérie a donné sa position, la balle est dans le camp des USA», estime-t-il. Me Ksentini espère que Washington va revoir sa décision. Sachant que la fermeture de Guantanamo est imminente, il convient d'accélérer les choses pour qu'Alger sache à quoi s'en tenir. En tout état de cause, si effectivement, Washington veut fermer le camp de Guantanamo, il lui appartient de faire en sorte que cela se fasse dans les meilleures conditions autant pour les actuels internés que pour les (éventuels) pays d'accueil. Aux USA, la fermeture du camp de Guantanamo Bay à Cuba est déjà acquise. «Le président George W.Bush a depuis longtemps fait connaître son intention de fermer le centre de détention de Guantanamo et de le faire d'une manière responsable», avait déclaré sa porte-parole Dana Perino. Même l'ancien secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a plaidé pour la fermeture sans délai de la prison de Guantanamo. M.Powell avait préconisé l'abandon des tribunaux militaires spéciaux prévus par l'administration américaine et le transfert des quelque 385 suspects de terrorisme aux Etats-Unis pour être jugés par le système juridique fédéral. Les détenus vont sans doute retrouver leur liberté, mais quand et dans quelles conditions? Nul ne le sait.