Le juge fédéral de Washington a rejeté, vendredi, une motion d'urgence visant à empêcher le rapatriement d'Ahmed Bel Bacha en Algérie. Quelle vérité pour les Algériens détenus à Guantanamo Bay? Seront-ils vraiment extradés vers l'Algérie ou c'est juste de la poudre aux yeux? Le flou persiste et chacun y va de ses hypothèses. Les autorités algériennes se sont montrées «déterminées» à aller jusqu'au bout de leurs garanties. Mais rien n'est officiel. La situation se complique de plus en plus. Cette fois-ci, ce sont les avocats des détenus qui annoncent la couleur. Ces derniers «craignent» que leurs clients ne soient torturés s'ils sont renvoyés dans leur pays d'origine. Le cas d'Ahmed Bel Bacha illustre bien la situation. En effet, le juge fédéral de Washington a rejeté, vendredi, une motion d'urgence visant à empêcher le rapatriement de cet Algérien détenu il y a plus de cinq ans, à Guantanamo. Mais la défense cherche à inventer une autre «excuse». Les avocats se montrent «inquiets» de ce que leur client encourt. Il invoquent, en effet, des «risques de persécution, à la fois du gouvernement algérien, et des islamistes extrémistes...». A la décision de rejet de la justice fédérale de Washington, l'un des avocats de Bel Bacha a annoncé son intention de faire appel de cette décision. A en croire aux déclarations des avocats, les Algériens détenus de Guantanamo auraient exprimé «leur crainte de subir des mauvais traitements s'ils sont renvoyés dans leur pays d'origine». Cela malgré les diverses garanties, assurant que les prisonniers concernés seront traités avec humanité. Une question mérite d'être soulevée dans ce sens. Comment prouver le bien-fondé de cette déclaration des avocats? Les détenus ont-ils vraiment exprimé leur crainte dont parlent les avocats? Nul ne peut confirmer ces dires, sauf les détenus eux-mêmes. Dans ce sens, l'un des avocats de M.Bel Bacha, a confirmé à «l'Associated Press», que «les Etats-Unis ne devraient pas compter sur des régimes qui ont une tradition de violations des droits humains». Et de préciser que, dès lors, que quelqu'un quitte Guantanamo, les Etats-Unis n'exercent plus aucun contrôle sur ces régimes. A souligner que des détenus originaires de l'Arabie Saoudite, du Maroc et du Venezuela ont été libérés. Ces pays ont accepté les conditions de la Maison-Blanche. Ce qui n'est pas le cas de l'Algérie, qui a rejeté les exigences des Etats-Unis. Washington veut libérer les Algériens à condition qu'ils soient mis sous contrôle. Alger a rejeté cette condition. L'Algérie avait jugé que les conditions posées sont contraignantes et portent atteinte à la souveraineté du pays. Pour les autorités algériennes, une fois libérés, les détenus seront entièrement libres de circuler. Me Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), avait affirmé que «l'Algérie n'a pas l'habitude et la tradition d'abandonner ses ressortissants». Me Ksentini, a affirmé que sept détenus algériens s'apprêtent à quitter la prison de Guantanamo. La même source affirme que les détenus «peuvent bénéficier des textes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale». Par ailleurs, Me Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, nous a déclaré, hier, que le gouvernement n'a rien fait pour récupérer les prisonniers algériens. Il cite l'exemple des six Algériens de nationalité bosniaque. «Il y a six ans, le gouvernement algérien avait refusé la demande du gouvernement bosniaque, qui a demandé d'extrader les prisonniers vers l'Algérie, au lieu de les livrer à Guantanamo». Haussant le ton, Me Ali Yahia, a tenu à démentir les «assurances» de Me Ksentini. «J'ai bien suivi les assurances de Me Ksentini. Je tiens à souligner que tout est faux. L'Algérie n'a jamais voulu reprendre les Algériens de Guantanamo», conclut-il. Par ailleurs, le Pentagone accuse Bel Bacha de s'être entraîné au maniement des armes en Afghanistan et d'avoir rencontré Oussama Ben Laden, deux fois, mais a finalement estimé qu'il ne représentait pas une menace. Notons que ses avocats ont fait pression sur le gouvernement britannique afin d'accepter d'accueillir ce détenu en Grande-Bretagne. Un souhait rejeté par Londres, arguant que ce prisonnier ne possède pas la citoyenneté britannique. Londres, Alger ou une autre capitale européenne, le sort des Algériens reste toujours entre les mains de Washington.