Ces Algériens ont pourtant été reconnus innocents par la justice bosniaque. Les détenus algériens du «camp de concentration» de Guantanamo ne sont pas encore libérés. Les rumeurs faisant état de leur élargissement, se sont avérées dénuées de tout fondement. Où réside, donc le blocage? «C'est le drame des binationaux», rétorque Me Mustapha Farouk Ksentini, président de la Commission de protection et de promotion des droits de l'homme(Cppdh), contacté, hier par nos soins. Ce dernier, affirme, en effet, que «ces Algériens ont pourtant été reconnus innocents par la justice bosniaque, ce qui n'a pas empêché les américains à les embarquer» sous prétexte de leur appartenance à Al Qaîda. Me Ksentini est formel: «jusqu´à preuve du contraire les autorités algériennes n'ont pas réclamé ces individus» dont le nombre est estimé à sept prisonniers. Tout en émettant le souhait que l'Algérie fasse «un geste» en direction de ses ressortissants, le président de la Cppdh considère que seul un travail concerté entre les autorités algériennes et bosniaques est à même de favoriser la libération des détenus. Pourtant, ces derniers jours, plusieurs pays, à savoir, le Koweït, le Bahreïn et l'Arabie Saoudite ont rapatrié leurs «pensionnaires» de Guantanamo Bay où sont détenus, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 pas moins de 600 islamistes, accusés d'appartenance au groupe Al Qaîda. Les développements politiques aux Etats-Unis, constituent l'occasion inespérée pour l'Algérie pour réclamer les internés de Guantanamo. En effet, les scandales d'Abou Ghraïb, des prisons secrètes américaines en Europe, la profanation du Coran à Guantanamo... et tout récemment l'implication du chef de cabinet du vice-président Dick Cheney dans une affaire de divulgation d'informations secrètes, sont autant de pressions qui pourraient amener l'administration Bush à clore le dossier Guantanamo. D'ailleurs, des ONG internationales à l'image d'Amnesty international et de Human Rights Watch ont dénoncé la pratique systématique de la torture par les geôliers américains dans ce camp de la «honte». Des pratiques inhumaines qui ont amené plusieurs détenus à tenter de se suicider, et dont la dernière tentative en date est celle du Bahreïni Jumah Al Dossari qui s'est pendu dans les toilettes après s'être ouvert les veines. Selon Amnesty International, Al Dossari a été torturé et souvent confiné à l´isolement. Une équipe d´experts de l´ONU chargés des droits de l´homme se rendra le 6 décembre à la base américaine de Guantanamo à Cuba, "à condition d´avoir l´assurance de s´entretenir" librement avec les détenus et les gardiens, a déclaré samedi le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture. Après un an et demi d´attente, les Etats-Unis ont finalement répondu favorablement à la demande de visite de ces experts, en en fixant la durée à une seule journée. Les mêmes experts souhaitent soumettre leurs conclusions à la prochaine session de la Commission des droits de l´homme de l´ONU, prévue au printemps 2006. Il est permis de supposer que la libération des détenus bahreïnis et koweïtiens en annonce d'autres dans les tout prochains jours. Certaines sources parlent même de la fermeture d'ici à la fin de l'année en cours du camp de Guantanamo, notamment après la mission d'experts de l'ONU sur le site prévue pour le mois de décembre prochain. A noter que quelque 500 détenus, de 36 nationalités, y sont toujours emprisonnés. Le Pentagone a indiqué avoir libéré ou transféré vers leurs pays d´origine un total de 252 personnes détenues. L'Arabie Saoudite, à elle seule, compte 120 prisonniers à la base de Guantanamo. Ainsi, après les détenus égyptiens et marocains, c'est au tour de trois des six bahreïnis d'être libérés. Ils sont rentrés au pays dans la nuit de samedi à dimanche. Il s´agit de Adel Kamel Haji, Abdallah Majed al-Nouaïmi et Salman Ibrahim al-Khalifa. Par ailleurs une quarantaine de Saoudiens seront "bientôt libérés", a indiqué samedi un dirigeant d´une association koweïtienne de défense de ces détenus. Pour leur part, les autorités bahreïnies ont annoncé vendredi que trois des six ressortissants de ce pays, détenus à Guantanamo, seront relâchés très prochainement, alors que cinq détenus koweïtiens libérés sont rentrés jeudi à Koweït. A quand, donc le tour des Algériens, qui, en dépit de leur «innocence» croupissent toujours en prison. Ce qui n'est, d'ailleurs pas un fait nouveau, puisque d'autres Algériens sont détenus dans plusieurs pays, notamment arabes et européens et aucune action officielle n'a été entreprise pour leur prêter assistance.