Illusion ou réalité, le pouvoir d'achat des Algériens a augmenté. Il a évolué de 66,2% durant la période 1999/2007. C'est ce qu'a affirmé, jeudi dernier, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M.Tayeb Louh, lors de l'installation de la commission interministérielle d'agrément des organismes privés de placement des travailleurs. «L'évolution du Salaire national minimum garanti (Snmg), à dinar constant fait ressortir une amélioration du pouvoir d'achat des citoyens jusqu'à 66,2% durant la période 1999/2007», a annoncé le ministre. Selon le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, l'amélioration du Snmg depuis 1999 jusqu'à présent a permis de donner un coup de pouce au pouvoir d'achat des Algériens. Le ministre ne s'est pas arrêté là. Chiffres à l'appui, M.Louh est revenu avec plus de détails et de précisions sur ce point. Le taux d'évolution annuelle du pouvoir d'achat est de 6,6%. Le revenu disponible des ménages a également enregistré un accroissement moyen de près de 10%. Tandis que le revenu disponible par habitant s'est accru de près 7% par an durant la période 1999/2005. L'inflation a été chiffrée et stabilisée autour de 2,3% en moyenne par an. Cette évolution, souligne M.Louh, est «rendue possible grâce à la gestion rigoureuse des deniers publics». Ces chiffres rassurent que tout va bien. Or, la réalité démontre le contraire. Le pouvoir d'achat ne cesse de se dégrader. Le département de Louh s'est basé, dans son étude, uniquement sur les augmentations du Snmg sans prendre en compte la flambée des prix des produits à large consommation. Même si le Snmg a évolué durant cette période, il n'en demeure pas moins qu'il est loin d'assurer un pouvoir d'achat rationnel. En l'espace de 11 ans, le coût de la vie a triplé. Rien que pour les produits de base, le citoyen n'arrive pas à tenir le coup. Une virée dans les marchés permet de constater le degré de cette souffrance. La flambée des prix fait fuir tout le monde. Les prix des légumes sont «brûlants», alors que nous sommes en pleine saison. La pomme de terre ne descend pas au dessous de 55 DA le kilo. Sans parler des fruits inabordables. Le kilo de pêches vacille entre 120 et 130 DA et celui de la pomme est à 180 DA. Les produits alimentaires ne sont pas en reste. La semoule et l'huile ont également augmenté. Un sac de 25 kg coûte 900 DA et une bouteille d'huile de 5 litres dépasse les 540 DA. Devant cet état de fait, peut-on parler d'amélioration du pouvoir d'achat? Insensé. Le pouvoir d'achat est très faible. Jamais le portefeuille des Algériens n'a été aussi fragilisé. Le ministre lui-même le reconnaît. «Le pouvoir d'achat reste faible», a-t-il affirmé en s'expliquant sur ce sujet. Si l'évaluation du pouvoir d'achat a été basé sur le marché, le constat serait alarmant. Avec 12.000 DA, le citoyen est loin d'assurer son quotidien, et encore moins de joindre les deux bouts.