3 ans de prison pour chacun des 33 accusés Réquisitoire. Le parquet a parlé. De lourdes peines ont été requises contre les inculpés dans le procès dit du séisme de Boumerdès. Des demandes de prison ferme et amendes ont été requises par le représentant du ministère public. Ainsi, ce dernier a demandé 3 ans de prison ferme et 100.000 dinars d'amende à l'encontre de 33 inculpés dont les P-DG de l'Opgi et de l'Eplf, MM.Henni Adda Kamel et Selkim Mohamed, également 2 ans de prison ferme et 100.000 dinars à l'encontre de MM.Boussalah Rabah et Amamaïl Ahmed. Par la même occasion, le représentant du ministère public a exprimé la relaxe pour trois inculpés, à savoir MM.Aït Sidhoum Abdelhamid, Chibi Boussaâd et Ghazibaouène Achour. A signaler que le procureur a requis en plus de 3 ans de prison ferme et 100.000 dinars, un mandat d'arrêt international à l'encontre de M..Hirani Abdelkader, représentant du CTC actuellement en fuite. Par ailleurs, M.Belhadj Abdelmadjid s'est référé dans son réquisitoire, aux différentes expertises présentées lors des auditions par les membres des deux commissions ministérielles ainsi que celles des experts désignés par le juge d'instruction. Ainsi, le procureur de la République a tenu à présenter point par point, détail par détail, les conclusions desdites expertises. Ils sont inculpés dans les mêmes projets, poursuivis pour les mêmes anomalies. A noter que, dans les conclusions de ces experts, on relève pratiquement les mêmes observations et les mêmes anomalies. Il s'agit de la violence du séisme et les défaillances d'ordre humain. Dans ce dernier point, le parquet a rappelé au juge du siège M.Benabdellah Redouane, les anomalies suivantes: la fraude dans les matériaux de construction utilisés, la mauvaise gestion des projets, le mauvais choix du site, la mauvaise conception des projets, l'utilisation des matériaux truqués et le manque de suivi et de contrôle des projets en cours de réalisation. Le parquet a insisté sur le non-respect des normes parasismiques algériennes ainsi que le manque d'expérience des entrepreneurs chargés de la construction. Le président-directeur général de l'Opgi, est inculpé dans cinq projets différents, à savoir les 122 et les 50 logements de Zemmouri, les 50 logements de Dellys, les 102 logements de Corso et les 20 logements de Tidjelabine. Le procureur de la République a estimé que M.Henni Adda «ne connaît rien dans le domaine de la construction, sauf qu'il est président-directeur général». M.Sematti, le procureur de l'audience, a affirmé que le mis en cause n'a pas suivi le contrôle des projets. C'est les mêmes inculpations attribuées aux autres accusés pour les 13 autres projets. M.Belhadj Abdelmadjid a expliqué que les pertes humaines enregistrées ne doivent pas être justifiées par le destin et la force divine. «Chacun des inculpés a sa part de responsabilité. Les experts ont constaté de graves fautes dues au facteur humain», indique-t-il. Par ailleurs, M.Belhadj a expliqué: «Je me suis basé, entre autres, sur les expertises scientifiques des plus grands sismologues algériens, reconnus dans le monde entier, MM. Chelghoum Abdelkrim et Yellès Chaouch Abdelkrim.» A ce propos, il a insisté que nul ne peut remettre en cause le savoir et les larges connaissances de ces deux éminents experts. Ce réquisitoire n'a pas été, bien évidemment, du goût de la défense. Me Miloud Brahimi, constitué pour l'entrepreneur Boumaâza Hamid, s'est dit étonné par ce réquisitoire lors de l'ouverture des plaidoiries. Me Brahimi s'est demandé: «Pourquoi d'autres sites complètement effondrés, sont exclus du procès, à l'image des 120 logements et les bâtiments de Reghaïa, ayant coûté la vie à des centaines de personnes?» Me Brahimi a rappelé que jamais «un procès de catastrophe nationale n'a eu lieu». Il a cité les précédents séismes ainsi que les inondations de Bab El Oued, un certain 11 novembre 2000. A en croire quelques avocats, beaucoup d'inculpés ne s'attendaient pas à ces peines. Les avocats de M.Selkim Mohamed, président-directeur général de l'Eplf, se sont déclarés surpris par la peine réclamée par le parquet à l'encontre de leur client, sachant bien que les projets considérés ont été réalisés avant l'arrivée de ce dernier à la tête de l'Eplf. C'est ce qu'a affirmé le chef de projet lui-même, lors de son interrogatoire. «Les projets ont été à 80% réalisés, dont l'infrastructure, à l'arrivée de M.Selkim en tant que P-DG.» Par ailleurs, la défense a remis en cause les peines demandées par le parquet. Elle avance comme arguments que les expertises du béton sont basées sur de fausses données qui ont engendré, par ricochet, de faux résultats. «La preuve?», demande la défense. «C'est facile.» Les grands sismologues cités par le parquet, notamment M.Chelghoum, ont remis en cause lesdites expertises en les considérant comme «superficielles, incorrectes et infondées». Les plaidoiries se sont poursuivies après la reprise d'audience. 51 avocats plaident devant le juge du siège, essayant d'«innocenter leurs clients de ces accusations». Le président du tribunal prend acte du traditionnel dernier mot de chaque inculpé et annoncera la mise en examen du dossier, après la fin des plaidoiries.