Les prix des produits de base et des fruits et légumes flambent. A-t-on pensé à la réaction des citoyens? Les prix des produits de consommation de base flambent. Le sucre, l'huile, la farine, les pâtes, la semoule, le café sont touchés par la tremblote. Le porte-monnaie de la ménagère est saigné à blanc. L'augmentation n'est pas graduelle. Elle est sauvage et injustifiée. Le citoyen est pris par surprise. Chez l'épicier du quartier. De 5 à 10DA de différence. A-t-on pensé à la réaction des citoyens? Comment leur expliquer que notre pays, qui respire la bonne santé sur le plan financier, ne peut subvenir à ses besoins les plus élémentaires en matière de nutrition? La réussite économique peut-elle faire l'économie d'un front social stable? En d'autres termes, l'Algérie est-elle devenue la chasse gardée d'une certaine classe bourgeoise? En augmentant les prix, on augmente, on attise les tensions. La misère est la source de la majorité des maux qui rongent notre société. La prostitution, l'immigration clandestine, la délinquance, le commerce de la drogue, sont les conséquences directes de cette mal-vie qui étreint la majorité des Algériens. La pomme de terre qui a défrayé la chronique quotidienne des ménagères, des mois durant, fait des émules. Les promesses faites publiquement par le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, sont restées lettre morte. De la poudre aux yeux. Les fruits et légumes de saison sont hors de portée des citoyens. Le melon est cédé entre 80 et 120DA. Les raisins et les pêches se maintiennent toujours au dessus de la barre des 100DA. Le lait est sous pression. Les importateurs de la poudre de lait n'ont pas cessé, depuis des mois, de tenter d'imposer leur loi au nom de la communauté des éleveurs-producteurs. Entre temps, le pouvoir d'achat des algériens est en chute libre. Même si le Snmg a connu un taux d'évolution de quelque 60%, comme l'a signalé M.Tayeb Louh, il n'en demeure pas moins que le pouvoir d'achat des ménages, demeure très faible, contrairement aux affirmations du ministre du Travail et des Affaires sociales. La libéralisation du marché des fruits et légumes et des produits de consommation de base, sans que soit assuré, en aval, un contrôle des régulations, a donné des idées aux spéculateurs sans scrupules. Les chambres froides sont utilisées de façon abusive à d'autres fins que celles pour lesquelles elles ont été conçues et importées en devises. C'est ainsi qu'un monopole de grossistes et d'intermédiaires, est en train de prendre place, au nez et la barbe de l'Etat. Seule la banane échappe à la mainmise de cette nouvelle mafia qui s'enrichit sur le dos des pauvres. C'est un produit périssable qui ne peut être maintenu au-delà d'une certaine durée. Ce fruit exotique qui a fait rêver les générations des années 60, 70 et 80, est aujourd'hui supplanté par la pomme de terre. Aux dernières nouvelles, les autorités ont décidé de casser ce monopole tissé autour de la pomme de terre. 25.000 tonnes de ce produit sont déjà dans nos ports. L'effet d'annonce sert justement pour faire reculer les prix, et freiner le forcing de la mafia, qui n'hésite pas de faire feu de tout bois, quand il s'agit de s'attaquer à la solde des citoyens. Sur ce plan, la responsabilité des autorités chargées de la stabilité du marché et de la défense du consommateur est engagée. Il n'est pas tolérable de se cacher derrière l'argument du libre marché pour laisser la mafia dépouiller les simples citoyens. Le commerce a ses règles que l'Etat se doit de faire appliquer et également de faire respecter. La spéculation est une manière de déstabiliser le marché pour en tirer des dividendes, qui ne sont pas seulement d'ordre commercial. Par le passé, l'argument brandi par les réseaux de spéculateurs en produits de consommation portait sur la pénurie d'eau et la sécheresse. Pour certains au-tres, c'était l'absence de moyens de stockage et de préservation et dernièrement, c'était la faute au virus du mildiou dans le cas de la pomme de terre. Et pour les autres produits, quel est le virus qui a alors sévi? Les interrogations fusent de partout, mais point de réponses. On affame le peuple. On le provoque même. La stabilité sociale tant recherchée est mise à mal. Pourquoi? Mais n'est-ce pas d'abord la responsabilité de ceux ayant en charge les secteurs des fruits et légumes et du commerce qui est ainsi engagée?