L'instance olympique africaine se voit investie d'une grande et difficile mission. Les 10es Jeux africains de 2011, dont la Zambie a obtenu l'organisation, seront placés sous l'égide de l'Association des Comités nationaux olympiques africains (ACNOA). L'information a été donnée par le vice-président de l'institution continentale et en même temps président du Comité olympique algérien, M.Mustapha Berraf, qui a indiqué que «le Conseil supérieur du sport en Afrique (CSSA) cèdera ses prérogatives à l'ACNOA à partir des Jeux de 2011», ajoutant que «la décision sera entérinée lors de la réunion du CSSA qui aura lieu à l'automne prochain à Addis Abeba (Ethiopie)». Cette tournure des événements était attendue dans la mesure où le Cssa a montré des signes d'essoufflement qui l'ont transformé en une structure pour le moins vieillissante et peu efficace sur le plan organisationnel. Intégrée à l'Union africaine, elle en était le support pour toutes les affaires touchant aux activités sportives. Depuis sa création, en 1964, le CSSA s'était distingué par la mise sur pied des Jeux africains dont la 1re édition remonte à 1965. Il s'est, surtout, mis en valeur en 1976 lorsque l'Afrique sportive avait fait cause commune pour boycotter les Jeux olympiques qui avaient eu lieu à Montréal, cette année-là, en signe de protestation contre la participation de l'Afrique du Sud et son régime de l'apartheid. Cette réaction avait bouleversé les données sportives à l'échelle planétaire dans la mesure où l'Afrique du Sud avait été rejetée du mouvement olympique tant que sa politique raciste était en vigueur. D'une certaine manière, les sportifs africains avaient contribué à vaincre l'hydre de l'apartheid, processus qui devait aboutir, quelques années plus tard, à son abolition et au retour de l'Afrique du Sud dans le concert du sport international. Ce fut là le plus grand coup d'éclat du CSSA qui dut, par la suite, se heurter à la difficulté de trouver des pays pour organiser les Jeux africains. Par ailleurs, même en étant une structure gouvernementale, le CSSA traversait une crise financière aiguë du fait du non-paiement des cotisations de nombreux membres. Les réunions de ses commissions devenaient épisodiques et tout pays qui se chargeait de l'organisation des Jeux africains se plaignait du fait qu'il ne trouvait pas auprès de lui le répondant nécessaire à la bonne marche de l'opération. Dans une interview qu'il nous avait accordée, quelques jours avant l'ouverture des Jeux africains, le directeur général du Coja, M.Djaâfar Yefsah, avait insisté sur les difficultés que lui et ses collaborateurs avaient rencontrées dans l'accomplissement de leur mission. «Sur le plan de la communication, nous nous sommes heurtés à un véritable mur de silence, nous avait-il avoué. Du fait des réunions trop espacées des commissions spécialisées du CSSA, nous ne parvenions pas à faire circuler notre message. Au mois de février dernier, nous n'avions pas reçu plus de dix réponses positives de la part de certains pays pour qu'ils prennent part aux Jeux. Très sincèrement, nous étions sur le point d'annuler les Jeux. Il nous a fallu activer nos services diplomatiques pour que la machine reprenne espoir et redémarre. L'optimisme est revenu lorsque nous avons pris contact avec l'ACNOA qui nous fut d'une grande aide dans la sensibilisation des Comités olympiques nationaux qui lui étaient affiliés. Je peux dire que l'Association africaine auraient mérité de remporter les premières médailles d'or des Jeux de 2007 car si nous étions restés en contact avec le CSSA, je ne pense pas que les Jeux d'Alger auraient battu le record de participation auquel ils ont eu droit.» Il devenait donc évident que l'ACNOA jouait un rôle des plus importants dans la réussite des Jeux et palliait les carences du Cssa en ce domaine. Sa prise en main des Jeux africains dès la prochaine édition apparaît comme un processus normal car il s'agit d'un volet sportif qui ne peut être géré que par une structure sportive non gouvernementale affiliée au CIO. Le CSSA, structure gouvernementale, aura donc, pour vocation de définir la politique sportive du continent. Les Jeux vont, certainement, gagner en matière d'audience sachant que, de son côté, le CIO va peser de tout son poids dans le processus. Il faudrait, également, songer à rendre plus crédible les Jeux en leur offrant un statut de grands championnats africains. «Il serait nécessaire, à notre avis, que les Jeux soient qualificatifs aux Jeux olympiques. C'est la garantie de voir les meilleurs athlètes du continent y participer», a dit M.Djaâfar Yefsah. Le judo qui use d'une telle méthode, puisque chez lui les Jeux sont assimilés aux Championnats d'Afrique qui donnent un certain nombre de points en vue de la qualification aux JO, avait réussi à regrouper les meilleurs athlètes de la discipline au rendez-vous d'Alger. L'ACNOA se voit donc investie d'une mission hautement importante et difficile, mais comme l'a avoué son président, l'Intendant général, Lassana Palenfo: «Ce ne serait qu'une juste décision dans la perspective d'un autre grand défi que l'ACNOA veut relever, celui d'offrir à l'Afrique, par le biais d'un de ses pays, l'organisation des premiers Jeux olympiques de la jeunesse, à partir de 2010.»