L'affaire a été révélée par le quotidien espagnol El Mundo, citant «un ancien membre du régime marocain». Le Royaume chérifien est dans l'oeil du cyclone. Depuis quelques mois, les scandales se suivent et ne se ressemblent pas. Trafic de stupéfiants, torture, corruption, le Maroc est en butte à une situation des plus délicates. La situation sociale difficile sur le plan intérieur et le désaveu exprimé par la communauté internationale au plan d' «autonomie» du Sahara occidental, viennent d'être accentués par des affaires dans lesquelles sont impliqués de hauts dignitaires du Makhzen. Le Royaume chérifien n'est donc pas encore sorti de la tempête. Après le scandale de hauts responsables du palais royal et d'officiers supérieurs impliqués dans le trafic de drogue, cette foi-ci, c'est au tour du roi Mohammed VI d'être rattrapé par un scandale financier. Au Maroc, on dit même qu'il s'agit du plus grand scandale financier de l'histoire du pays. L'affaire a été révélée par le quotidien espagnol El Mundo, citant «un ancien membre du régime marocain». Il s'agit de Moulay Zine Zahidi. Les faits remontent à 1994. Moulay Zine Zahidi, ministre du roi Hassan II, est nommé président d'une banque semi-publique, le Crédit immobilier et hôtelier. L'établissement est alors au bord de la faillite, cumulant plus d'1 milliard d'euros de créances impayées -des prêts accordés à des entrepreneurs proches du régime monarchique afin de construire d'immenses complexes touristiques. Réclamant le remboursement de ces prêts, Zahidi reçoit une lettre de Mohammed VI, alors prince héritier. La consigne est claire: laisser le régime tranquille, car celui-ci n'a pas de compte à rendre. Treize ans après, Zahidi vient de porter plainte contre Mohammed VI. Conscient des risques qu'il prend et du danger que représente une telle démarche contre la famille royale marocaine, l'homme est actuellement en fuite. Usant de diversion, le Royaume chérifien use de tous les moyens pour détourner l'attention. L'«incident» signalé en fin de semaine dernière sur la bande frontalière avec l'Algérie, est l'une des facettes de ce scénario. Il intervient, faut-il le rappeler, après l'arrestation de sept officiers de l'armée marocaine, dont un colonel, après la publication par l'hebdomadaire Al Watan al An, de documents confidentiels des services de renseignements, ayant trait à la lutte antiterroriste. Pas plus tard qu'hier, vingt cinq officiers de la gendarmerie et des forces auxiliaires ont comparu devant la chambre criminelle de Casablanca, pour «complicité dans le trafic de drogue international.» Un scandale de plus, un scandale de trop. Cette affaire est liée à un procès impliquant 17 Marocains, dont un parrain de drogue présumé et l'ex-patron de la sécurité royale, accusés de trafic de stupéfiants et de corruption, qui s'est ouvert le 27 avril et qui doit reprendre le 14 septembre. Une énième affaire parmi tant d'autres.