L'accord d'association paraphé dernièrement avec l'Union européenne n'en finit pas de soulever les pires interrogations. L'expérience tunisienne en ce domaine en dit long. M.Zafrane, économiste tunisien, avait exposé hier, lors d'une rencontre consacrée aux perspectives de coopération entre l'Algérie et l'Europe, les retombées économiques de l'accord d'association avec l'Union européenne sur l'économie tunisienne. Les résultats ne sont pas reluisants puisque, selon lui, le bénéfice de l'association a profité tout particulièrement à l'Europe. La ‘‘déprotection'' a valu à la Tunisie la perte de plus d'un tiers des emplois dans le secteur industriel. Le démantèlement tarifaire a été suivi également, par une augmentation significative de la TVA afin de combler, dit-on, le manque à gagner fiscal. Il s'agit, conséquemment, pour le pays voisin de mettre à niveau les entreprises. Plus de 2.000 entreprises sont actuellement concernées par une mise à niveau qui coûtera la bagatelle de 1.400 millions d'euros. Il s'agit ensuite de mettre à niveau l'environnement industriel en aménageant les zones industrielles et en préparant des études sérieuses de positionnement stratégique qui permettraient aux entreprises de trouver des créneaux porteurs. C'est dire que, concernant l'Algérie, les choses ne devraient être très différentes. M.Belkhadem, ministre des Affaires étrangères, semble, toutefois, bien confiant. Dans son allocution d'ouverture, le ministre a mis l'accent sur le rôle du segment associatif dans la préparation d'études et de documents qui serviraient à mieux comprendre et donc à tirer le plus profit du partenariat algéro-européen. Il a ajouté, dans ce sens, que «la sécurité en Europe est indissociable de celle de la rive Sud et ne peut se limiter aux aspects militaires et de sécurité en omettant l'économie, le social et le culturel», dénonçant ainsi la tendance des Européens à privilégier la coopération dans le domaine sécuritaire, notamment après les attentas du 11 septembre. Le directeur du Ceneap, M.Makboul, a, pour sa part, mis en exergue le problème de la dette que traînent encore les pays du Sud. Il s'est attardé ensuite sur le taux insignifiant des investissements directs européens dans ces mêmes pays et qui ne représente que 1% à peine des investissements européens dans le monde. L'Europe, a-t-il conclu, devrait également apporter un appui considérable aux réformes économiques engagées en Algérie de par même cette spécificité qui la caractérise et qui fait que le volume des échanges entre l'Algérie et l'Europe est de 60% en termes d'importation et de 64% en exportation. Il a rappelé, par ailleurs, que l'Algérie n'a pas profité du programme Meda I, d'un montant de 4,6 milliards d'euros, et dont 250 millions d'euros, à peine, ont été attribués à l'Algérie. 137 millions d'euros seulement ont été engagés. Le séminaire qui se tient jusqu'à aujourd'hui a été organisé par le Ceneap et par Konrad-Adenauer, une association allemande.