Le Maroc devra faire face désormais à un mouvement qui revendique l'autonomie de la région du Rif. Sa naissance a été annoncée récemment. Le roi du Maroc a, une fois de plus, jeté un gros pavé dans la mare en soulignant, hier, que, pour le Maroc, l'autonomie représentait l'ultime solution pour régler le conflit du Sahara occidental. Cette déclaration a tué dans l'oeuf l'espoir de parvenir à une solution, à la faveur du dialogue enclenché entre le Front Polisario et le Maroc. Ces négociations ont eu lieu, rappelons-le, les 18 et 19 juin dernier, pour reprendre le 10 août prochain. Ce dialogue représentait jusqu'ici l'ultime espoir, dont le but n'est autre que de solutionner un conflit qui perdure depuis plus de 30 ans. Sa Majesté a déclaré, néanmoins, lors de son discours à la nation, prononcé à Tanger, à l'occasion du 8e anniversaire de son intronisation, que «la solution (...) à ce conflit artificiel est le projet d'autonomie consensuel sous la souveraineté du Maroc et rien d'autre que ce projet d'autonomie». Le discours du souverain marocain a, ainsi, remis en cause le restant des négociations entre les deux parties au conflit, arbitrées par les Nations unies. Dans son allocution, dont une grande partie a été consacrée au problème du Sahara occidental, le souverain marocain a affirmé que «le royaume s'engage à respecter tout accord politique mutuellement acceptable qui sera réalisé sur la base de cette initiative, avec toutes les parties réelles et effectives». C'est une position qui va à l'encontre de la dernière résolution 1754 du Conseil de sécurité, votée le 30 avril dernier. Cette même résolution n'a en aucun cas cité le projet dit «d'autonomie» marocain, mais consacre de nouveau le droit inaliénable du peuple sahraoui à d'autodétermination. Après quoi, Sa Majesté laisse entendre que «le Maroc a participé de bonne foi au premier round des négociations sur le Sahara». Quel avenir pour le restant du dialogue? Le royaume et le Front Polisario ont mené des négociations directes sous l'égide de l'ONU les 18 et 19 juin à Manhasset, près de New York. Un deuxième round de négociations est prévu les 10 et 11 août prochain. Le premier round a été marqué, faut-il le relever, par une sorte «d'intransigeance» du gouvernement marocain. Le Polisario a exposé sa proposition pour une «solution politique mutuellement acceptable qui garantit l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», alors que la position de Rabat est demeurée «figée» sur un leitmotiv dépassé: la marocanité du Sahara occidental. C'est la même position exprimée, hier, par le souverain marocain. «Si longues et laborieuses que puissent être les négociations, a-t-il ajouté, nous garderons notre main tendue en direction de toutes les vraies parties concernées par un règlement politique de ce différend artificiel, dans l'espoir de les convaincre de l'opportunité historique qu'offrent ces négociations», déclare encore le roi du Maroc. Pour rappel, le Royaume chérifien avait soumis à l'ONU un projet de «large autonomie» pour le Sahara occidental. Mais le Conseil de sécurité de l'ONU avait rejeté dans le fond et dans la forme cette offre marocaine. Le Maroc, par l'effet direct de son projet «d'autonomie» pour le Sahara, devra faire face, désormais, à un mouvement qui revendique l'autonomie de la région du Rif. L'annonce de la naissance du Mouvement pour l'autonomie du Rif a été annoncée ces derniers jours. Le royaume a sous-estimé le danger d'un tel projet sur la stabilité du pays.