En vente depuis deux mois en France, il sera chez nos libraires la semaine prochaine. Quand un homme de terrain tel que Abderrahmane Zakad troque ses chantiers et ses plans pour des pantoufles et un pupitre, le résultat est, contre toute attente, appréciable. Son roman Trabendo est depuis deux mois en vente en France et sera dans nos librairies au courant de la semaine prochaine. Après avoir fait vingt-cinq maisons d'édition en Algérie, l'auteur, «déprimé», l'a envoyé en France et Marsa a accepté de l'éditer. C'est ce que lui-même nous a appris et nous utilisons ici ses propos. Orignaire de Béjaïa, Abderrahmane Zakad est urbaniste et collabore dans divers journaux. Trabendo, c'est l'histoire de Malika, une femme d'exception qui, après un mariage qui tourne court, décide de se prendre en charge et d'élever ses enfants sans avoir à se remarier. Produit de la vénérable Casbah, elle décide de se couper de ce cercle noyé dans la tradition et esclave de «la bonne séance». Non, Malika ne bascule pas dans la vulgarité. Elle a seulement choisi de voler de ses propres ailes. Sans diplôme, elle doit faire vivre ses enfants. Les débuts laborieux dans la vente de petits articles ménagers lui font découvrir ses aptitudes à communiquer et les ficelles qui lui permettront de s'imposer peu à peu au milieu des hommes, elle qui, jusque-là, était cantonnée dans un rôle impavide d'épouse au foyer. Avec le temps, elle est à la tête d'un groupe de vendeuses, puis, gagnant de l'assurance, elle se lance dans le trabendo, ce commerce illégal de grande envergure que tout le monde connaît sans en saisir toutes les ramifications. Une discipline marginale avec ses règles et ses procédures que l'auteur nous propose de découvrir. Femme de caractère, elle devient un élément remarquable sur un marché où pourtant rien n'est affiché ni laissé comme preuve. La vie de famille n'est pas en reste et Malika la supervise comme une future entreprise en gestation. Son influence lui permet d'être l'agent démarcheur pour le compte d'une société d'importation, un nouveau terrain dans lequel elle se lance avec appréhension. Elle doit alors faire des voyages à l'étranger ; en Egypte d'abord, au Maroc ensuite. Nous nous éloignons de plus en plus de la vie gentille et tranquille à laquelle l'aurait astreinte sa famille à la Casbah. Entre la femme désormais libérée et les commères sympathiques des terrasses, Abderrahmane Zakad nous ébauche sa conception de la psychologie féminine. Un exercice amusant et pétillant de sincérité. Mais comme un roman n'en serait pas un sans une petite intrigue amoureuse, Zakad nous en concocte une. Ahmed, chauffeur de camion, devient le compagnon attitré de Malika dans ses voyages et c'est sans surprise et irrésistiblement qu'ils se retrouvent dans les bras l'un de l'autre. D'une manière un peu gauche. Mais le coeur y est. Les appréhensions de Malika au sujet de sa nouvelle activité avec l'entreprise d'importation s'avèrent fondées, mais nous laissons ce petit chapitre dans l'ombre pour ne pas gâcher le plaisir du futur lecteur. Abderrahmane Zakad est incontestablement, un bon conteur ; le livre se laisse parcourir avec plaisir. Les informations contenues ici et là, témoignent de la générosité de l'auteur et relèvent souvent de la recherche historique. Seulement, Zakad les met imprudemment dans la bouche de personnages qui ne sont pas censés avoir des connaissances encyclopédiques. Il prend parfois des gants en insérant de nouvelles figures dans son roman plus aptes à les porter, mais cela n'enlève rien au sentiment d'invraisemblance.