Le dossier du nucléaire ne sera pas abordé lors de la visite officielle à Alger du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, prévu du 6 au 8 août 2007. L'ambassadeur d'Iran à Alger, Hussein Abdi Abyanah, qui a annoncé la nouvelle lors d'une rencontre avec des journalistes au siège de la représentation diplomatique, n'a pas voulu trop s'étaler sur la question. Officiellement, l'Algérie soutient le droit de l'Iran de se doter de l'énergie nucléaire à des fins civiles. Cela avait été rappelé, à la mi-juillet lors de la venue à Alger du président des Emirats arabes Unis, Cheikh Khalifa Ben Zayed Al Nahyane. Un plaidoyer a été fait également pour « un règlement pacifique du conflit autour du programme nucléaire iranien ». Les pays occidentaux accusent l'Iran de vouloir développer l'énergie atomique à des fins militaires. Ce que dément Téhéran. Alger et Téhéran se concertent régulièrement sur ce dossier et sur d'autres questions stratégiques. A cet effet, le secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale de l'Iran, Ali Laridjani, a visité, l'année écoulée, l'Algérie et été reçu par le président de la République. A deux reprises, le ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, s'est rendu à Alger. Sa dernière visite remonte à début juin 2007. Mohammed Reza Baqeri, le ministre en charge de l'Afrique au sein du ministère des Affaires étrangères iranien, s'est également déplacé en Algérie en 2006. L'ambassadeur d'Iran à Alger n'a pas caché que son pays a une préférence claire pour une coopération soutenue avec l'Algérie. Il a parlé de « relations privilégiées ». « Les deux pays ont connu des révolutions populaires. Ils sont membres de la Conférence islamique et du mouvement des non-alignés. L'Algérie est parmi les pays fondateurs de ce mouvement... », a-t-il noté. Il a annoncé la tenue fin août 2007 d'une conférence des ministres des Affaires étrangères du mouvement des non-alignés. La conférence abordera les thématiques des droits humains et de la diversité culturelle. Hussein Abdi Abyanah a relevé que son pays (l'Iran possède les secondes réserves de gaz naturel mondiales) demeure toujours attaché à l'idée d'une Opep du gaz, défendue également par le Venezuela et la Russie. Idée déjà discutée lors de la rencontre de Doha d'avril 2007. Pays gazier, l'Algérie a participé à cette rencontre mais demeure encore réservée sur la création d'une Opep du gaz. Le Qatar, qui aspire à devenir le premier exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2010, partage presque la même position. Les pays consommateurs, Europe en tête, ont critiqué ce projet et disent craindre la mise en place d'un « cartel ». Selon le diplomate, les experts planchent toujours sur le projet à Moscou et vont bientôt soumettre leurs travaux aux pays concernés. « Nous œuvrons dans l'intérêt des producteurs et des consommateurs. Il faut équilibrer des deux côtés », a-t-il soutenu. Interrogé sur les critiques américaines sur ce projet, l'ambassadeur a eu cette réflexion : « Les Américains agissent en maîtres du monde. Ils sont contre toutes les propositions. » Les grandes questions internationales, comme la situation en Irak, seront abordées lors des entretiens qu'auront les présidents algérien et iranien. « Nous sommes heureux de dire que l'Algérie et l'Iran ont beaucoup de points de vue communs sur des questions internationales », a estimé le diplomate. Au plan bilatéral, la signature d'un accord aérien est prévu à la faveur de la visite du président Ahmadinejad. Cela permettra à l'avenir l'ouverture d'une ligne aérienne entre Alger et Téhéran qu'auront à assurer les deux compagnies nationales. The Export Development Bank of Iran (Banque du développement des exportations - EDBI), établissement public créé en 1991, envisage de s'installer en Algérie. En ce sens, des négociations sont menées depuis plusieurs semaines. Les principaux responsables de la banque seront à Alger ces jours-ci pour finaliser l'accord. Hussein Abdi Abyanah souhaite l'ouverture de la filière algérienne de l'EDBI avant la fin 2007. L'Algérie sera le deuxième pays, après le Kazakhstan, à accueillir cette banque. L'ouverture de cette filière va, selon lui, accélérer les échanges commerciaux entre les deux pays et explorer de nouvelles opportunités d'affaires. Il a relevé la présence d'entreprises iraniennes dans le domaine de la construction des logements, des routes et des barrages. Il existe, d'après l'ambassadeur, de grandes possibilités de coopération entre Sonatrach et les firmes iraniennes dans les domaines énergétiques. « Nos capacités d'investissement sont énormes. Il y a déjà en Iran des ingénieurs algériens qui activent dans le secteur des hydrocarbures. Sonatrach peut développer des projets en Iran. Il en est de même pour les entreprises iraniennes », a expliqué le diplomate. Hussein Abdi Abyanah n'a pas voulu revenir sur l'annulation, en janvier 2007, de l'escale à Alger du président Ahmadinejad qui revenait d'une tournée sud-américaine. Ni Alger, ni Téhéran n'ont, à l'époque, donné d'explication sur cette annulation. La visite d'Ahmadinejad en Algérie est la première au Maghreb.