Les grandes nations sportives ne vivent pas sur le conjoncturel. Jeudi dernier, le Comité olympique algérien (COA) a convié, à un dîner, à Djenan El Mithak, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Hachemi Djiar, ainsi que les principaux cadres de son département, les présidents des fédérations sportives et les responsables du Comité d'organisation des Jeux africains. Le COA tenait, par là, à célébrer la réussite des Jeux africains sur le plan organisationnel mais aussi celle des athlètes algériens lors des ces joutes à l'issue desquelles l'Algérie a obtenu la seconde place au tableau des médailles. Profitant de la présence des acteurs principaux du mouvement sportif national, M.Hachemi Djiar a pris la parole pour faire passer un message dans lequel il a fait l'éloge de ce qui a été accompli lors cet événement sportif. Contrairement à ce qui se disait dans un passé récent, le ministre de la Jeunesse et des Sports a rendu hommage à ces acteurs grâce à qui les Jeux ont pu se dérouler dans de bonnes conditions sur le plan technique. Il a indiqué que le salut du sport en Algérie ne peut venir que d'une action menée conjointement par le ministère et les fédérations sportives, l'un ayant besoin des autres et vice versa. En somme, il semble loin le discours qui disait que le mal du sport venait du fait qu'il y avait un mouvement associatif fort devant un ministère faible. Pour être forte, une fédération sportive a besoin d'un MJS fort et c'est à cette seule condition que leur mission commune a des chances d'obtenir des résultats sur le terrain. Dans son discours, le ministre a, également, demandé aux responsables fédéraux de faire une évaluation de ce qui a été fait dans le sport et de ce qui reste à accomplir. Les résultats de leur étude seront soumis à un comité d'experts qui proposera, à son tour, les grandes lignes de la politique sportive qui sera appliquée en Algérie dans les prochaines années. Il s'agit là d'une grande nouveauté car nous ne croyons pas avoir entendu parler d'une politique sur le sport dans le secteur depuis belle lurette. Dans nombre de nos écrits, nous avons constamment fait référence à une telle démarche regrettant que tous les ministres qui passaient dans le secteur de la Jeunesse et des Sports commettaient la grosse erreur de se transformer en ministre du football. Dans la ferveur que suscitait ce sport, ils en venaient à omettre tout ce qui se faisait en parallèle. Ce n'est, d'ailleurs, pas pour rien que, trop souvent, le ministre de la Jeunesse et des Sports devient le membre du gouvernement le plus médiatisé sachant l'engouement que draine le football. Des ministres ont même failli s'ériger en entraîneurs de l'équipe nationale tellement les résultats de celle-ci devenaient obsédants. On réagissait de la sorte comme si ces résultats suffisaient pour juger de la bonne santé ou non du sport algérien. Dans la phobie de monter à tout prix une équipe nationale de football performante, on a toujours cru qu'il fallait lui donner de bonnes conditions de préparation pour espérer la voir se hisser au niveau des espoirs placés en elle. Et comme toujours on s'est trompé, puisque si on veut du solide et quelque chose qui dure, il faut investir dans la formation, celle que l'on doit donner aux structures de base que sont les clubs. La politique du football doit d'abord s'ancrer sur un tel paramètre. Celle du sport en général repose sur une série de dispositions qu'il va falloir prendre en charge. Les grandes nations sportives ne vivent pas sur le conjoncturel. Elles n'attendent pas l'émergence de champions au compte-gouttes. Mais pour atteindre un degré suffisant de rendement dans le développement du sport, il est nécessaire de réactiver certains secteurs comme le sport à l'école ou à l'université et ne pas se contenter de mots creux, histoire d'amuser la galerie. Il faut se donner les moyens d'augmenter les aires pour faire du sport, qu'il soit de compétition ou de loisir. Il faut savoir mettre en place des structures capables de répondre aux nécessités des athlètes dans leur préparation. Dans ce contexte, il est dommage que le ministère de la Jeunesse et des Sports n'ait pas suivi le Comité olympique algérien dans sa démarche visant à offrir au sport algérien son premier véritable centre de regroupement et de préparation en altitude à Tikjda. Ayant investi une fortune dans le projet, le COA s'est trouvé pris dans une tenaille qui l'a obligé à abandonner le centre pour le céder à ceux-là mêmes qui étaient venus le supplier de le prendre quand le centre était dans un état déplorable, suite à tous les actes de destruction qu'il avait subis durant les années de terrorisme. Aujourd'hui, on ne sait pas ce que l'établissement est devenu. Il avait été retapé pour servir, avant tout, à notre élite sportive. Espérons qu'il ne servira pas uniquement aux «tueurs de temps» venus juste pour y passer un week- end. Une politique sportive sous-entend, également, que les compétences existent pour asseoir son projet. Nul ne contestera le fait que le football algérien, première discipline sportive du pays, s'est clochardisé du fait de la présence, en son sein, de gens dont le seul souci est de servir leurs intérêts. De 1990 à nos jours, il y a, peut-être, eu des gens honnêtes qui sont venus contribuer à le relancer en y mettant du leur et en lui consacrant du temps. Mais force est de dire que l'écrasante majorité de nos présidents de clubs mais aussi de ligues est composée de vulgaires «commerçants» qui sont là pour se faire un nom et de l'argent. Profitant de la faiblesse des pouvoirs publics en matière de contrôle, ils usent et abusent de l'argent public au vu et au su de tout le monde. A ce niveau, il est sûr qu'une grande action de salubrité publique est attendue de la part du ministère de la Jeunesse et des Sports puisque lui et ses structures n'ont pas su placer des barrières pour empêcher ces «flibustiers» des temps modernes d'entrer dans le système. Au moment où l'on parle de professionnaliser le football, il faut se demander si c'est avec de tels gens que l'on pense appliquer cette méthode. Le jour où notre football finira par trouver des personnes aptes à parler en termes de rentabilité financière et d'économie de marché et non de rente, on pourra songer le voir se redresser. En attendant, «remettons le couvercle sur le puits» et passons à d'autres sujets...