Son nom restera lié à l'histoire d'Air Algérie. Il sera celui qui a augmenté le capital de la compagnie de 6 milliards de dinars en l'an 2000 à 37 milliard de dinars en 2006. Il sera celui qui a renouvelé toute la flotte de la compagnie en 2006. Il sera celui qui aura intégré les vols long-courriers. Il n'aura eu finalement le temps que d'inaugurer le vol reliant Montréal à Alger. Il avait prévu pour fin 2007 de lancer celui qui reliera Pékin à la capitale algérienne. La maladie ne lui en a pas laissé le temps. Admirable de courage et alors qu'il se battait contre la maladie qui le rongeait, il n'avait jamais cessé de travailler jusqu'au dernier instant. La seule différence pour les journalistes qui le connaissaient bien et qui avaient l'habitude, chaque année, de partager avec lui un déjeuner-débat au cours duquel les prévisions de la saison estivale à venir étaient annoncées est celle d'avoir remarqué cette année que la rencontre avait «sauté». Son nom restera lié à l'histoire d'Air Algérie car c'est aussi sa propre histoire. Il y aura passé toute sa vie. D'abord comme pilote avant d'être choisi pour prendre les commandes de l'avion présidentiel et conduire le président Houari Boumediene dans tous les coins de la planète. Un choix qui n'a rien du hasard. Ce sont ses qualités hors pair qui ont présidé à sa désignation à ce poste. C'est pour ces mêmes qualités que le président Bouteflika lui confie, en 2001, la direction générale de la compagnie nationale. Une direction générale d'une entreprise qu'il assuma avec une énergie et une compétence qui allaient transformer en peu de temps l'entreprise en grand groupe doté de plusieurs filiales. Parmi ces filiales, Si Tayeb n'était pas peu fier de celle de la maintenance qu'il avait réussi à hisser aux normes des plus grandes sociétés mondiales de maintenance aéronautique. La tâche n'était pas facile et Benouis savait que beaucoup de milieux allaient lui empoisonner l'existence, tant les intérêts et les enjeux que charriait l'entreprise étaient nombreux. Pourtant, il ne voulait faire aucune concession, ni dans le fond ni dans la forme. Il ne se ménageait nullement et ne ménageait personne. Il aurait fait un mauvais diplomate tant il était cassant et intransigeant. Il était d'une franchise qui ne s'embarrassait nullement des formes que d'autres mettraient dans leurs relations de travail. En réalité, il ne s'était jamais départi de cette rigueur sans laquelle on ne peut jamais traverser toutes les turbulences aux commandes d'un avion. Une rigueur qui ne pouvait souffrir aucune concession. Une rigueur qui lui a permis de relever un challenge considéré par les plus grands managers comme une équation impossible. Comme ce manager qui, lors de la rencontre annuelle des chefs d'entreprise à El Oued, nous avait confié comment il voyait la gestion d'Air Algérie: «Voilà une compagnie qui compte 9000 travailleurs avec une flotte de 30 appareils. Cela revient à dire que chaque avion doit faire vivre 300 travailleurs. C'est là une équation qui défie toutes les règles de gestion.» C'est en traînant cette équation que Tayeb Benouis a réussi à gérer la compagnie Air Algérie durant 6 longues années. Jusqu'à sa mort. Repose en paix Si Tayeb! Tous ceux qui ont eu le privilège, comme moi, de bien te connaître pour apprécier tes valeurs humaines implorent Dieu de t'accueillir dans Son Vaste Paradis. Adieu l'ami!