Mustapha Kartali, ancien chef de l'AIS dans la région de Larba et repenti depuis 1999, a été hier la cible d'un attentat à la bombe. Très tôt dans la matinée, alors qu'il tentait de faire démarrer sa voiture, après avoir accompli la prière d'El Fadjr dans une mosquée à Larba, la bombe explose à l'intérieur même de son véhicule. Visiblement la cible directe de cet attentat, Kartali a été transporté à l'hôpital Zmirli où on le dit grièvement atteint et même dans un état critique. Agé de 55 ans, Kartali avait été élu en 1991 sous la casquette de l'ex-FIS en tant que maire de la localité de Larba. Une région qu'il transforma durant la décennie noire survenue après l'annulation des élections législatives en véritable territoire de la terreur et de la mort. Il rejoint d'abord la très sanguinaire frange terroriste, le GIA (Groupe islamiste armé), dont il assurera même les commandes d'une phalange en tant qu'émir. La guerre intestine touchant les rangs du GIA s'était soldée par un désaccord l'ayant opposé à Djamel Zitouni, d'où son départ de ce groupe pour créer le Mouvement islamique pour la prédication et le djihad (MIPD) regroupant les ex-du GIA et du FIDA. Semant la terreur dans la région de la Mitidja, la tête de Kartali fut mise à prix par les autorités du pays pour un montant de 3 millions de dinars. Il finit par rejoindre les rangs de l'Armée islamique du salut et devint chef de la katibat Errahmane. Ces années-là virent le terrorisme prendre ses pires expressions et manifestations à travers des massacres collectifs et des attaques répétées contre des civils. Le groupe de Kartali, composé de 150 hommes, a fini par rallier le cessez-le-feu décrété par l'AIS en novembre 1997. En réaction à l'accord de cessez-le-feu, les GIA ont déclenché des expéditions punitives contre des fiefs de l'AIS, dont celui de Larba dirigé par Kartali. A Djiboulo, où cantonnait son groupe, un massacre s'est soldé par la mort de 31 personnes, le 24 décembre 1997. Ce n'est qu'en septembre 1999 avec l'adoption de la loi sur la concorde civile qu'il fut amnistié en bénéficiant des mesures de cette même loi. Le retour de Kartali à Larba, lavé de tout reproche, avait soulevé la colère des familles victimes du terrorisme de la même région ayant souffert de la douleur de la perte de proches dans d'atroces supplices. Bénéficiant de son statut de repenti, Mustapha Kartali s'est reconverti dans les affaires et demeure résidant dans la pauvre localité de Larba.