Au quartier chic d'Hydra, où se situe le siège du FLN, la crise n'est qu'à quelques encablures. Crise au FLN. Ce qui n'était jusqu'ici que de l'intox commence bel et bien à prendre corps. Des dizaines de militants du FLN, environ 230, selon certaines indications, ont manifesté, hier, à l'intérieur du siège du parti à Hydra (Alger). Tôt dans la matinée d'hier, ces militants se sont déplacés de Bouira à Alger pour crier à l'exclusion et aux «comportements frauduleux» qui se font à l'intérieur de la «djabha». Ce qui a jeté de l'huile sur le feu, est le fait qu'un parti à la tête du gouvernement soit «en congé», à la veille même des élections locales et de wilaya. Désarroi, mécontentement et dénonciations en cascade. A l'origine de cette situation figure tout bonnement la désignation controversée du mouhafadh de Bouira, Nouri Mohamed. La crise a fait tache d'huile puisque, au moins sept wilayas connaissent une situation similaire, laquelle est due à l'élection de mouhafadh, «nonreprésentatif». D'après les militants rencontrés, hier, au siège du parti, «la fuite en avant» de la direction nationale n'a fait que faire monter d'un cran la tension qui prévalait. Les accusations énoncées par les militants du FLN sont décidément scandaleuses. Exclusion, dépassements sur le plan organique, élection de pseudo-strcutures depuis le 8e congrès dit de la «réunification» et mainmise sur les cellules organiques du parti. Les militants de Bouira surtout, mais aussi de plusieurs autres wilayas voient rouge. Il y a quelques jours seulement, le porte-voix du FLN, Saïd Bouhadja, avait exclu, avec la dernière énergie, l'idée d'une quelconque crise au sein du parti d'Abdelaziz Belkhadem. Le comble, toute la direction nationale s'est mise en congé. Il a fallu une démonstration de force pour faire déplacer, hier, le chargé de l'organique, Abdelkrim Abada. Selon des déclarations rapportées par les représentants des militants, en réunion avec Abdelkrim Abada, ce dernier n'a pu faire que promettre de transférer le message au premier responsable. Mais, Abdelaziz Belkhadem est lui aussi en congé. Sur l'ensemble des mouhafadhas, au moins sept ne sont pas fonctionnelles, ou, du moins, sont secouées par des contestations sans précédent. Pour remplacer le mot crise par un terme plus «approprié», Saïd Bouhadja avait fait savoir que le retard dans la désignation des mouhafadhs est dû à «l'agenda très chargé» du secrétaire général du FLN. Le porte-parole des militants de Bouira, Tali Abdelkader, nous a expliqué que la direction nationale du parti était destinataire de plusieurs réclamations et recours. «Le silence d'Alger n'a fait qu'aggraver la situation», précise Tali Abdelkader. Sur une possible issue en douceur à cette crise, après avoir rencontré le chargé de l'organique, Tali Abdelkader déclare que Abdelkrim Abada n'a fait que brandir le drapeau blanc et enregistrer la requête. Autrement dit, le chargé de l'organique a affiché toute son incompétence à régler cette question. Il est pourtant le chargé de l'organique, mais privé, semble-t-il, de prérogatives et respectant, dans tous les cas, la voie hiérarchique. A Bouira, à en croire les militants courroucés, la situation risque de mal tourner si le mouhfadh actuel et ses proches collaborateurs ne décident de quitter les lieux. En attendant la fin des vacances d'Abdelaziz Belkhadem, les militants, en colère, sont décidés d'aller vers la création de structures parallèles et geler, par la force, l'activité de l'actuelle équipe. Cela ne peut être qu'un démenti aux précédentes déclarations de Saïd Bouhadja. Celles-ci rejettent l'idée de l'existence d'une opposition au niveau de la base face aux noms proposés par la direction nationale. Au moins sept autres wilayas risquent de connaître la même situation. Et, par ricochet, confirmer qu»il y a crise au sein du FLN. Le parti est en congé pour le moment.