«Mes accusateurs ont choisi la France que j'ai combattue en 54.» C'est la conclusion à laquelle a abouti l'ancien moudjahid de la Guerre d'Algérie, et chef des patriotes de Relizane, M Hadj Fergane. Par «mes accusateurs», il désigne, entre autres, et en le citant nommément Hadj Smaïn, qui l'accuse d'avoir été responsable des disparitions enregistrées durant les années 93-97 à Relizane. S'exprimant hier à la Maison de la presse Tahar-Djaout en compagnie de son avocat et de quelques amis d'armes, l'homme tenait avant tout à établir la vérité dans toutes ses proportions. Pour lui, l'affaire est loin d'être personnelle, entre Hadj Fergane et Smaïn. Dès lors, le débat sur les disparus, les charniers et le s, même s'il mérite d'être posé, ressemble à l'arbre qui cache la forêt. Il expliquera dans un langage à la fois simple et ferme que les accusations que profère Hadj Smaïn contre sa personne et les autres patriotes s'expliquent par un fait que les Relizanais n'ignorent point. Documents d'archives à l'appui, il affirme que Hadj Smaïn a collaboré avec l'armée française contre la Révolution «quand j'étais un des membres de l'ALN à l'âge de 17 ans». Pour preuve, le conférencier a révélé que Hadj Smaïn a assassiné le 19 février 1962 un certain El-Heloui Tayeb de l'Ocfln. Et de préciser que sur la pierre tombale de ce chahid on peut lire aujourd'hui l'épitaphe suivante: «...a été assassiné par les traîtres du colonialisme». En somme, dira-t-il, durant la Guerre d'Algérie la famille Smaïn, sa tribu et, bien entendu, son calomniateur ont choisi le camp français. La deuxième explication, liée de facto à la première, est l'attitude de la famille Smaïn par rapport aux groupes terroristes qui égorgeaient les innocents de la région. En une phrase, il révèle que la famille de son accusateur faisait partie de ces groupes. «Le fils de Hadj Smaïn est du GIA depuis 1994...; le dernier émir abattu dans la région, qui est aussi harki notoire, est de sa famille... Ses proches font partie des réseaux de soutien pour les terroristes... Il y a parmi sa belle famille des terroristes.» Et de déclarer: «Si vous ne me croyez pas sur parole, faites des investigations.» Manifestement affecté, il souligne: «...et dire qu'il m'accuse d'avoir tué l'ancien moudjahid et le patriote Cheloul Salah». Intervenant sur ce point, M Benaouda, un patriote de Relizane, a témoigné que «Cheloul a été grièvement blessé devant mes yeux par un groupe terroriste lors d'une embuscade tendue au ramadan de 1996. Il a succombé à ses blessures le jour même». «D'ailleurs, poursuit-il, les fils Cheloul ont adressé une requête au procureur de la République où ils accusent Hadj Smaïn». Succédant à son client, Me Ikhlef Abdelkader a souligné, dans une déclaration lourde de sens, que «cette affaire pose le problème du dossier des disparus sur tout le territoire national... Mais c'est un dossier spécial qui a un caractère politique». L'avocat a révélé, en outre, que «des instructions ont été ouvertes à l'échelle nationale et que cette question est abordée en haut niveau». Par la suite, il a fait remarquer que les déclarations de Hadj Smaïn sont caractérisées par des contradictions grossières. Il révèlera à titre d'exemple, que parmi les disparus évoqués par cette personne, il y a des terroristes abattus par les services d'ordre comme Moussaoui Mehieddine mis hors d'état de nuire en 1997. Par ailleurs, il n'a pas cessé de déclarer aux médias des faits qu'il nie juste après. Quant au sujet du charnier, Hadj Smaïn a déclaré au juge qu'il n'a rien vu...Idem pour la question des disparus. Mieux encore, il a lui même affirmé qu'il est satisfait des deux verdicts que la justice a prononcés à son encontre. Toujours au dossier des disparus, Me Ikhlef fait remarquer que les repentis ont affirmé à la justice, lors du procès, que parmi les noms cités comme disparus il y a ceux qui ont péri dans le maquis où ils ont été enterrés. A signaler aussi que le secrétaire local de l'Onec de Relizane, cité par Hadj Smaïn comme disparu, a démenti publiquement ce qu'il estime pures allégations et compte porter l'affaire en justice. Affaire à suivre.