Rencontrer des géants du football peut être profitable à plus d'un titre, pour peu que les objectifs soient déterminés. Le championnat national démarre le prochain week-end. La veille la sélection «A» composée en majorité de joueurs pros évoluant à l'étranger, se mesurera à son homologue du Brésil. L'équipe dirigée par Dunga prépare très sérieusement ce rendez vous. Il entre dans des plans précis. L'ancien capitaine, connu pour sa rigueur dans le jeu et dans le travail ne veut rien laisser au hasard. Avec sa fédération il gère le court terme tout en pensant à l'avenir. L'avenir? C'est pour lui le mondial 2010 en Afrique du Sud. Mais c'est surtout celui de 2014 maintenant que le Brésil est pratiquement assuré de l'organiser. Mission assignée: effacer, ou plutôt atténuer, le catastrophique résultat du stade Maracana à l'occasion du dernier match de l'édition de 1950, face à l'Uruguay. La fête espérée s'était transformée en cauchemar. Investi de la mission de redorer le blason d'un football universellement connu et reconnu, mais qui a perdu son titre en 2006, Dunga, le meneur, le patron de l'équipe, est devenu Dunga le manager, le capitaine d'industrie. Parce qu'au Brésil, le football représente un énorme poids social et économique. Quand la sélection se déplace et joue, elle est suivie par des centaines de journalistes, photographes, cameramen, commentateurs. Les droits de retransmission et de publicité font parties intégrantes des contrats de participation dans des tournois, matchs de préparation ou de galas. Rendez-vous pris en fonction d'objectifs et de critères bien déterminés sur les plans sportifs et financiers. Toutes les possibilités et hypothèses sont étudiées. Parce que tout le pays est au diapason des activités de sa «Selecao» et de ses stars. Il est impensable que rien ne soit dit, écrit ou commenté avant, pendant et après l'événement. Quotidiennement! Parce qu'ils en ont la possibilité. Au même moment, nous en sommes à nous poser la question de savoir si notre public dans son ensemble aura la possibilité de voir ce match ailleurs que sur une chaîne étrangère cryptée qui agit en position de monopole incontournable. Les responsables de notre football qui ont conclu, directement ou par intermédiaire, cette rencontre savent-ils seulement qu'ils sont les responsables légaux de ce sport? Ils ne peuvent permettre l'exploitation de son image, sans autorisation, sans contre partie, autre qu'une prise en charge dans un hôtel aussi luxueux soit-il. Comment peuvent-ils si facilement se désister de leurs droits élémentaires au bénéfice d'organisateurs en quête de produits et de bénéfices juteux? Comble de l'ironie, la FAF avoue avoir été obligée, pour permettre la retransmission au pays d'un match de la sélection nationale, de payer un manque à gagner à une chaîne étrangère. Comment se négocient les droits? Avec qui? Sur quelle base? Pour quel effet? Jusqu'à plus ample informé, les premiers intéressés par les matches de nos représentants, sont les AlgériensS. La réalité est que la FAF n'a plus aucun droit de regard sur ce match et les autres qui peuvent très bien être programmés et diffusés n'importe où et par n'importe qui. Il est si facile de renvoyer la balle sur l'ENTV. De déclarer le plus sérieusement du monde que c'est à la télévision publique de négocier les droits de retransmission parce que la FAF a cédé, ou n'a pas défendu ses droits à l'image. Selon la législation en vigueur dans notre pays, la FAF est une association nationale en charge du football, de sa gestion et de son développement. Elle est de ce fait détentrice légale de ces droits à l'image. Nul ne peut les négocier, ni les marchander à sa place. Surtout pas des étrangers qui nous imposent leur diktat par la suite. A moins qu'ils ne soient mandatés! Rencontrer des géants comme l'Argentine ou le Brésil, peut être profitable à plus d'un titre. Mais cela doit quand même entrer dans le cadre d'objectifs déterminés. Ce n'est pas une faveur comme certains le prétendent. Parce qu'en toute chose il y a critère d'opportunité. Que ce soit pour une dépense à effectuer, un bénéfice à récolter, une date à sélectionner, un lieu à choisir. avant le mondial espagnol de 1982, le sélectionneur de l'Autriche avait été le seul à suivre la préparation de la sélection d'Algérie. Nous connaissons le résultat en phase finale. L'Autriche a été la seule à nous battre. Parce que les dirigeants n'ont pas su faire la part des choses entre la pertinence d'un match aux airs de gala et la préparation d'un rendez-vous déterminant, la sélection a été humiliée au 5 Juillet. Nous avons eu droit avec la même formation à deux prestations aux antipodes l'une de l'autre. Cela a été du «docteur Jekyll et mister Hyde». Quelle que soit sa nature, une rencontre sportive laisse toujours des traces sur le physique, sur le mental, sur le peuple. L'euphorie qui suit un résultat, taxé de positif, peut avoir des conséquences nuisibles. Tout comme une défaite peut être suivie d'une réaction salutaire. Lorsqu'on joue au riche quand on n'a pas le sou il faut assumer en toute responsabilité les cruelles désillusions. Mais apparemment, il est difficile d'échapper aux chants des sirènes lorsque les compétences font défaut!
