C'est une coopération militaire certes, mais dont les visées US en Afrique semblent être toutes autres. Chassés par la porte, les USA tentent de revenir par la fenêtre. Face au refus des pays africains d'accueillir le commandement militaire américain (Africom) sur leurs territoires, les USA ont initié, en partenariat avec des pays africains et européens, un exercice militaire au Sahel, baptisé «Flintlock 2007». C'est une coopération militaire certes, mais dont les visées US en Afrique semblent être tout autres. L'administration Bush espère encore trouver un pays adoptif à son projet appelé Africom. Il s'agit de déplacer le commandement militaire US (section Afrique) de Stuttgart (Allemagne) vers un pays africain, au nom, tout bonnement, de la lutte antiterroriste dans le monde. Des forces américaines, européennes et africaines participent, depuis hier, à l'entraînement «Flintlock 2007». Cet exercice militaire qui se déroule au Mali s'inscrit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, lit-on dans un communiqué diffusé par le ministère malien de la Défense. Le débat sur l'installation de bases américaines en Afrique est relancé de plus belle à la faveur de cet exercice à deux facettes. Il (l'exercice) est initié par les USA et se déroulera jusqu'au 8 septembre, contrairement aux habitudes, limitant le «Flintlock» dans un laps très court (une semaine). 350 militaires américains et d'autres venus de 13 pays d'Afrique et d'Europe prendront part à l'entraînement qui s'avère être aussi un semblant de stage bloqué. Car, selon les mêmes sources, l'exercice se tiendra à Bamako, essentiellement en salle avec simulation sur ordinateurs. Se référant au communiqué du ministère malien de la Défense, l'objectif principal de «Flintlock 2007» «est d'assister les nations partenaires à planifier et exécuter les systèmes de commandement, de contrôle et des communications en soutien aux opérations humanitaires, de maintien de paix et de secours en cas de catastrophe». Il n'y a point de fumée sans feu. En arrière-plan de cette façade, figure une énième tentative destinée à forcer la main aux pays maghrébins, autrement dit du Sahel, pour qu'ils acceptent, enfin, des bases américaines sur leur sol. Une chose est sûre, si les pays qui figurent dans la ligne de mire US acceptent les militaires américains sur leur territoire, ce sera une grande erreur. Depuis Bamako, l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique a clairement fait comprendre que le «Flintlock 2007» entre dans le cadre d'un programme américain baptisé «Partenariat Transsaharien de lutte contre le terrorisme». Le ministère malien de la Défense a expliqué également que «cette formation permettra aux pays participants de développer un partenariat dans la région tout en renforçant leurs capacités militaires». Bamako et les pays de la région ne doivent pas céder à la tentation US. Outre les Etats-Unis et le Mali, des militaires d'Algérie, du Tchad, de Mauritanie, du Maroc, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, de Tunisie, du Burkina Faso, de France, des Pays-Bas et de Grande-Bretagne participeront à ces exercices, apprend-on aussi. Quoi qu'il en soit, l'Algérie, la Libye et d'autres pays de la région se sont opposés mordicus aux velléités américaines d'installer des bases militaires pour le long terme au Sahel. Niamey, Bamako et N'Djamena sont, du moins, tout à fait conscients des conséquences néfastes que causerait une présence militaire américaine sur leur territoire. C'est au nom de la «logique» du «contre-terrorisme et du crime international» que l'administration Bush tente de justifier son intérêt pour la région du Maghreb et du Sahel. Qu'on le veuille ou non, l'incitation US dite «guerre contre le terrorisme transnational» est provoquée par d'autres motivations. Car, lorsque l'Algérie faisait face en solo au terrorisme pendant toute une décennie, ni les Américains et encore moins les Européens n'ont estimé devoir bouger le petit doigt au nom de cette même «logique» antiterroriste. Derrière le langage démagogique de Bush et de son équipe se cachent des convoitises indéniables car mal cachées: les richesses du sous-sol sahélien. C'est la face cachée de l'iceberg. Officiellement, aucun des cinq pays maghrébins et sahéliens concernés ne s'est engagé - jusque-là - dans un tel jeu américain à cartes brouillées. Des exercices similaires ont eu lieu dans cette même région en 2000 et 2005. Cependant, cette fois-ci, le contexte est différent.