Dans la perspective de rassurer sur les intentions américaines, quant à la mise en place de l'Africom, Mary Carlin Yates s'est attelée à expliquer les objectifs de cette structure militaire que nombre de pays africains ont refusé d'accueillir sur leurs territoires. Devant un parterre composé de journalistes, d'attachés militaires de quelques ambassades de pays africains en Algérie, de députés et d'autres personnalités, la numéro deux de l'Africom a mis d'emblée les points sur les i en réitérant que les Etats-Unis n'ont pas l'intention d'installer des bases en Afrique, particulièrement en Algérie. Mme Mary Carlin Yates insistera sur le fait que Washington n'a pas formulé de demande auprès d'Alger pour y installer des bases militaires, et qu'il n'en a jamais été question, car elle respectait la position algérienne sur la question. En effet, par principe l'Algérie est totalement contre l'idée de l'installation de bases militaires étrangères sur son sol. À titre indicatif, Mme Yates annoncera la poursuite de la coopération militaire algéro-américaine, qui a vu récemment un échange de pilotes d'avions Hercules C 130. Pour ce qui est de l'objectif de cette vidéoconférence qu'elle a animée depuis l'ambassade américaine à Paris, elle dira que c'est pour savoir ce que pensent les Algériens de l'Africom. Ceci étant, elle n'a pas manqué de transmettre le souhait du général William Ward, commandant en chef de l'Africom, de venir en Algérie. Revenant sur le quartier général de ce commandement militaire pour l'Afrique, la conférencière rappellera qu'il se trouve à Stuttgart en Allemagne et que son transfert vers un pays africain n'est pas encore envisagé. Sur sa lancée, elle affirmera que certains Etats du continent ont refusé d'accueillir ce QG, d'autres pays, par contre, ont formulé le souhait d'en être la terre d'accueil. Sur cette question, l'attaché militaire de l'ambassade du Niger à Alger, convié à la vidéoconférence, a affirmé que Niamey ne voulait pas du quartier général de l'Africom, ni de bases militaires américaines sur son territoire. Il ira plus loin en reprochant aux Américains d'attirer les terroristes, là où ils vont. Partant de là, il leur demandera d'épargner son pays. En réponse, Mme Yates dira que le but recherché par les Etats-Unis à travers la création de l'Africom est d'aider les Etats du continent à assurer leur propre sécurité et non d'y installer des troupes comme le croient certains. En vue d'aguicher les pays africains, la responsable américaine indiquera que 9 milliards de dollars, dont seulement 250 millions de dollars pour le volet militaire, ont constitué l'aide des Etats-Unis dans le cadre de l'Africom à l'Afrique. Pour l'instant, on en est encore au stade du dialogue avec les différents gouvernements du continent, dans la perspective de dégager les meilleurs moyens de rendre la coopération militaire plus soutenue. Mary Carlin Yates déclarera que la mise en place du commandement militaire américain pour l'Afrique vise à unifier la démarche pour demander des fonds au Congrès américain, afin d'améliorer son programme de coopération dans le but d'aider les pays à assurer eux-mêmes leur sécurité et non à le faire à leur place. Interrogé sur le lien entre l'Africom et la démocratisation des Etats africains, elle affirmera qu'il n'en existait aucun, pour la simple raison que cet organisme travaillera seulement avec les institutions militaires et rien d'autres. Enfin, il y a lieu de noter que Mary Carlin Yates occupe la fonction d'adjointe au commandant chargé des activités civiles et militaires (DCMA) au commandement des Etats-Unis en Afrique (United States Africa Command-Africom. Elle dirige les projets et programmes du commandement liés à la santé, à l'aide humanitaire, à l'action humanitaire contre les mines, à la réponse aux catastrophes et à la réforme du secteur de sécurité. Elle a été ambassadrice des Etats-Unis au Burundi de 1999 à 2002, au Ghana de 2002 à 2005. K. ABDELKAMEL