«Alors que les négociations franco-marocaines pour l'achat d'avions de combat Rafale vont bon train, les Etats-Unis proposent au Maroc une offre alléchante pour des avions F-16» Le pays de Georges W.Bush propose aux Marocains des armes. Plus précisément des avions de combat. Pourquoi faire? C'est à cette question qu'il faudra répondre pour mesurer le risque US qui pèse sur la région du Maghreb et sahélo-sahélienne. Les Américains ont profité d'une brèche dans le contrat franco-marocain pour tenter de se placer. Le fameux contrat d'armement entre la France et le Maroc est, semble-t-il, tombé définitivement à l'eau. Il a fait l'objet de rumeurs depuis près d'une année. Les conciliabules ont duré de longs mois déjà et l'Arabie Saoudite s'est engagée pour le financement de l'équipement. Après quoi, un grain de sable semble gripper la machine des négociations, et, ce sont les Américains qui en profitent. Les Saoudiens, en bailleurs de fonds, avaient opté pour des avions de combat britanniques de type Eurofighter, pour un contrat qui s'élève à près de quinze milliards d'Euros. Mais, hier, une nouvelle donne vient bousculer les calculs. «Alors que les négociations franco-marocaines pour l'achat d'avions de combat Rafale vont bon train, les Etats-unis proposent au Maroc une offre alléchante pour des avions F-16». C'est ce qu'a annoncé, hier, une source marocaine, citée dans le Maroc-Hebdo. A quoi jouent les Américains et Marocains, désormais complices plus que partenaires? Quoi qu'il en soit, l'intérêt grandissant des Américains pour la région du Maghreb et du Sahel ne date pas d'aujourd'hui. Les armées du Maroc et des Etats-Unis avaient déjà organisé en avril 2005 des exercices militaires (African Lion 2005) dans la région marocaine de Tan-Tan. Simultanément, les USA ont initié, depuis 2000, en partenariat avec des pays africains et européens, un exercice militaire au Sahel, baptisé «Flintlock». Le «Flintlock», édition 2007 a été mené dans le cadre d'un programme américain baptisé «Partenariat transsaharien de lutte contre le terrorisme». C'est pour les mêmes raisons, c'est-à-dire «la lutte antiterroriste dans le monde» que l'administration Bush compte imposer aux pays africains un commandement militaire appelé «Africom». Il s'agit de déplacer la base militaire US (section Afrique) de Stuttgart (Allemagne) vers un pays africain. Le risque est gros. Sans le moindre doute, le contrat d'armement US avec le Maroc serait négocié à base d'intérêts minutieusement calculés. D'un côté, le Royaume de Sa Majesté poursuivrait sa politique expansionniste au Sahara occidental, tandis que, de l'autre, les Américains se permettraient un partenaire au Maghreb, face au refus des autres pays d'accueillir des bases US sur leur sol. Une chose est sûre, si les pays qui figurent dans la ligne de mire US acceptent les militaires américains sur leur territoire, ce serait une grande erreur. Certains journaux du Royaume alaouite avaient écrit que le Maroc aurait fait la proposition d'accueillir le commandement américain sur son sol. Des journaux sont allés jusqu'à écrire que l'offre marocaine est «officielle». Dans la même foulée, le Congrès US, suivant un rapport publié, récemment par le service de recherches CRS, avait qualifié le Royaume chérifien comme étant le pays «le plus crédible pour abriter l'Africom». Quelques jours plus tard, les patrons du FBI et de la CIA se rendent au Maroc. Le Royaume alaouite s'est contenté de faire allusion à une simple «coopération» d'ordre sécuritaire avec les Etats-Unis d'Amérique. L'on a annoncé tout bonnement que derrière la visite des patrons du FBI et de la CIA pointe la volonté de traquer les cellules d'Al Qaîda au Maghreb. A l'occasion, le Bureau fédéral d'investigations américain, FBI, -soulignons que ce dernier s'occupe de la sécurité intérieure américaine, et l'on se demande dès lors, à quel titre il s'intéresse au contre-espionnage qui relève de la CIA- annonça, depuis le Maroc, la localisation d'un soidisant groupe terroriste appelé «Ansar El Islam au Sahara». Un groupe qui est né dans des conditions douteuses et tombe à pic avec le projet de l'Africom américain. De quoi faire plusieurs hypothèses et lectures sur ce partenariat militaire naissant maroco-américain. Autrement dit, «une complicité d'ordre sécuritaire».