La démission d'Yves Leterme, qui n'a pu mettre sur pied son gouvernement, a ouvert une crise politique à Bruxelles. A défaut d'un été ensoleillé, les Belges vivent depuis le 10 juin dernier, date des élections législatives, un climat politique chaud. 76 jours sans que les partis politiques qui ont remporté les élections n'arrivent à un compromis pour la mise en place du gouvernement fédéral. Le leader du principal parti flamand, le CD-V (social chrétien), M.Yves Leterme, sorti vainqueur aux législatives et qui devait conduire le gouvernement fédéral, a jeté l'éponge jeudi soir. Le roi, Albert II; qui passait quelques jours de repos dans sa résidence secondaire au sud de la France, est rentré en urgence à Bruxelles ce même jeudi soir pour désigner un second «formateur». Jusqu'à samedi en milieu de journée le nom du candidat n'avait toujours pas été annoncé. Devant une telle situation, il y a ceux qui voient dans cette crise politique l'annonce de la fin de l'Etat fédéral belge au profit d'un système confédéral qui donnerait plus d'autonomie aux trois régions belges que sont la Flandre, la Wallonie et Bruxelles-Capitale et à ceux qui estiment que c'est là la marque de la vitalité de la démocratie belge. En effet, le CD Va remporté les élections en Flandre sur la base d'un projet qui milite pour plus d'autonomie économique des régions; une régionalisation des principaux services publics et sociaux, tels la sécurité sociale, les transports publics... Alors qu'au sud, chez les francophones, les deux partis qui sont sortis vainqueurs du scrutin du 10 juin, a savoir le MR (social libéral) et le CDH (social chrétien), portent des revendications à l'opposé des flamands. Ils ne veulent pas entendre parler de régionalisation des secteurs de solidarité tels la sécurité sociale, les transports publics... Les revendications flamandes sont avancées sous le label de «réformes institutionnelles» dont l'objectif n'est autre que de se désister de leur soutien financier aux francophones de Wallonie. La Flandre, vivant pour l'instant, dans une aisance financière conséquente, ne souhaite plus être solidaire de la Wallonie qui vit pour l'instant des difficultés économiques et un taux de chômage élevé. Ainsi, l'échec de la mise en place du nouveau gouvernement n'est pas dû à des calculs des uns et des autres pour le partage du pouvoir mais au fait que les vainqueurs du scrutin demeurent fidèles à leurs électeurs et à leurs engagements politiques. Les francophones tiennent à ce que les réformes institutionnelles ne soient pas la priorité du gouvernement, alors que les Flamands souhaitent le contraire. Les uns et les autres savent que derrière «les réformes institutionnelles» se cachent des problèmes de finances et de solidarité nationale. Le roi des Belges (qui règne, mais ne gouverne pas) aura à désigner un second négociateur dont la mission sera de ramener les différents partis politiques majoritaires au célèbre «compromis belge». Pour l'histoire, ce n'est pas la première fois que la Belgique vît une telle situation au sortir d'élections législatives. Le pays est resté jusqu'à 140 jours sans gouvernement au début des années 90. Durant tout ce temps politiques et journalistes s'amusent à fantasmer sur les scénarios les plus fantastiques. Jusqu'à celui de la disparition de la Belgique. Quelle histoire!