Cette fois, ce n'est plus une question belgo-belge. Le grave conflit entre Flamands et francophones, tient en otage l'Europe entière déjà mal en point pour la crise financière grecque et la forte probabilité que celle-ci gagne le Portugal l'Espagne l'Irlande, l'Italie… Le casse tête linguistique belge s'est pourri alors que Bruxelles s'apprête à prendre la présidence de l'Union européenne. L'Europe qui s'était toujours gaussée de cette question, récurrente, il est vrai, est désormais empêtrée dans les querelles belges. Bruxelles qui doit prendre la présidence de l'Union au 1er juillet. Et, sauf imprévu de dernière minute, les Belges n'auront pas de Premier ministre à cette date. Dernier épisode. Tandis que le roi Albert II poursuivait ses auditions pour essayer de sortir son royaume de la crise, le Premier ministre démissionnaire, Yves Leterme, renvoyait dos à dos les partis flamands et francophones, toujours sourds à la négociation. Au cœur du conflit, l'abréviation BHV (pour Bruxelles-Hal-Vilvorde) : une vieille histoire de découpage d'une circonscription judiciaire et administrative à cheval entre la Wallonie et la Flandre. Agacés par une minorité francophone souvent méprisante, les Flamands ont fini par se rebiffer. Ils exigent la suppression des privilèges accordés à la communauté francophone qui vit dans six communes de la région de Bruxelles rattachées à la Flandre. Si les communautés francophone et flamande s'empoignent depuis des années, c'est l'absence de toute perspective d'accord qui avait provoqué début du mois, la démission du gouvernement de Leterme, un Flamand. Celui-ci pense même que le sursis supplémentaire d'un mois pour convaincre les deux communautés est insuffisant. Le roi des Belges, Albert II, qui a passé son règne à ne s'occuper que des menaces et coups de gueule des Flamands, a prolongé jusqu'à la deuxième moitié de septembre la mission qu'il a confiée à trois médiateurs pour préparer le lancement du dialogue inter-belge, c'est-à-dire de négociations sérieuses sur la réforme de l'Etat entre ses sujets néerlandophones et francophones, aux intérêts économiques et culturels de plus en plus antagoniques. Cette mission de médiation lancée le 17 mai, en raison de l'incapacité du Premier ministre Yves Leterme de faire accepter les bases d'un compromis, même à ses propres troupes du parti chrétien-démocrate flamand CDV et à son allié nationaliste de la NVA, devait à l'origine s'achever le 31 juillet. Le bref rapport intérimaire présenté au roi n'a fait que constater la volonté des partis politiques belges d'en arriver à un nouveau partage des compétences entre l'Etat et les entités fédérées, régions et communautés, a précisé l'un des médiateurs, le libéral bruxellois François-Xavier De Donnea. Les médiateurs, selon un communiqué du Palais royal, devront se concentrer désormais sur la manière d'associer les divers niveaux du pouvoir (Etat fédéral, régions et communautés), à cette réforme approfondie de l'Etat. C'est la question-clé aussi bien pour les partis flamands qui réclament que les négociations soient dirigées par les deux communautés, néerlandophone et française, que pour les partis francophones qui veulent que les trois régions (Flandre et Wallonie mais aussi Bruxelles) siègent en tant que telles. Si les Flamands sont à la fois les plus nombreux (60% des 10,5 millions de Belges), et les plus riches, ils sont très minoritaires à Bruxelles, la capitale implanté chez eux mais jouissant d'un statut particulier. Les gros nuages continuent donc de s'amonceler à l'horizon belge sans interruptions, et cela depuis les législatives de juin 2007 et les régionales de 2009, marquées par des surenchères des deux côtés de la frontière linguistique. L'automne, prédisent les mauvais oracles, l'orage éclatera ! Les Flandres qui n'arrêtent pas de faire peur aux francophones, exigent une autonomie accrue de leur région, la plus riche et la plus peuplée des régions du pays. Les francophones se déclarent pour leur part prêt à ne céder que pour des transferts de compétences potentiels dans les domaines social et fiscal. Pour commencer, les flamands pourraient lâcher du lest, à condition que soit mis fin les privilèges électoraux et judiciaires dont bénéficient quelque 150.000 francophones vivant en Flandre dans le district de Bruxelles-Hal-Vilvorde, surnommé BHV. Face au dialogue de sourds, le roi a dissout le gouvernement Leterme, des élections vont avoir lieu et les sondages indiquent qu'il n'y aura pas de changements : la Belgique sera toujours ingouvernable ! Alors la scission ou inventer une nouvelle forme de démocratie : la démocratie communautaires, participative et citoyenne ? La crise linguistique belge a mis les pieds dans ce qui cloche dans la démocratie dans un Etat centralisé.