Il eût été plus simple d'encourager la production nationale, y compris dans des filières comme celle de l'huile, où la culture du soja n'est pas quelque chose d'impossible, pour peu que la volonté y soit. Décidément, rien n'échappe à la flambée des prix. Alors que les projecteurs sont braqués sur deux produits de base, à savoir le lait et la pomme de terre, voilà que les ménages tirent la sonnette d'alarme sur deux produits de large consommation, à savoir le sucre et l'huile de table, dont le prix a poussé des ailes. La chose s'est faite sans tambour ni trompette, en catimini. Les producteurs d'huile et les importateurs de sucre ont sans doute des relais puissants dans les médias et dans les rouages de l'Etat qui les autorisent à faire taire les trompettes de la critique. Mais pour le commun des mortels, ce n'est pas parce qu'on n'en parle pas que le problème n'existe pas. Les raisons invoquées pour expliquer cette flambée tous azimuts ont trait d'un côté au cours des matières premières sur le marché mondial, et de l'autre côté, au taux élevé de la TVA. Cela dit, le prix de l'huile et celui du sucre n'étant pas soutenus par l'Etat, au contraire de ce qui se passe pour le lait et la baguette de pain, le ministres chargé du Commerce et de l'approvisionnement de la population se bouche les oreilles, la bouche et les yeux. Ils n'a rien vu, rien entendu, et donc No comment! A croire que certains responsables hauts placés ne font pas le marché et ne sont pas concernés par la hausse des prix. Le panier de la ménagère, ce n'est pas à eux qu'il incombe de le remplir. L'huile de table a connu trois augmentations en l'espace de six mois seulement, le prix du bidon de cinq litres se vendant au détail à 600 dinars. Ces deux produits étant très demandés durant le mois sacré du Ramadhan, on voit d'ici l'impact de leur augmentation sur la bourse des citoyens. Non seulement la zlabia coûtera plus cher, mais en plus tous les autres produits subiront le même sort, et suivront le même chemin, y compris le qalb elouze et la baqlawa. En s'ajoutant les unes aux autres, en se superposant, en s'entremêlant, en se conjuguant, toutes ces augmentations de prix, touchant des produits de première nécessité, vont grever lourdement le budget des ménages, qui éprouvent mille difficultés à boucler les fins de mois. Mais pour le mois sacré, ce sera une véritable gymnastique. Ne s'étant pas doté d'instruments de régulation, l'Etat, qui est passé en quelques années d'une situation de monopole à une situation de désengagement total de la sphère économique, a été incapable d'anticiper sur les événements et de prévoir les hausses de prix. Sur quel levier va-t-il jouer pour juguler l'inflation? Sur la TVA, sur les subventions? Il eût été plus simple d'encourager la production nationale, y compris dans des filières comme celle de l'huile, où la culture du soja n'est pas quelque chose d'impossible, pour peu que la volonté y soit. Or, comme dirait La Fontaine: «C'est le fonds qui manque le moins». Chez nous au contraire, c'est la volonté qui manque le plus. Surtout la volonté politique. Pendant longtemps, des investisseurs qui avaient justement des projets dans le domaine de la culture du soja se sont heurtés à ce mur du silence incompréhensible des autorités; celui des terrains d'assiettes. Alors que des fermes jadis pilotes sont fermées ou laissées en jachère, des projets d'investissement ne trouvent pas de terrains. Cette histoire de guichet unique, s'est avérée un écran fumigène. Il reçoit les doléances et les projets, mais il ne donne pas de réponse. Les agences foncières, ou les Calpi si vous voulez, sont dans le même cas. Des réunions à n'en plus finir, mais des solutions aux investisseurs, ça c'est une autre paire de manches. C'est dommage!