Vendu à 7 et 8 DA il y a quelques semaines, le prix de l'œuf vient d'enregistrer une flambée inquiétante. A 12 DA l'unité, le tarif suscite des interrogations chez les professionnels et les ménages. En somme, la raison principale de cette augmentation, selon des éleveurs de volailles est incontestablement la hausse des prix des aliments et les charges incluses dans le coût global de production. Les organisations des agriculteurs, à l'image de l'Union des agriculteurs libres (UAL) citée par la presse, estiment que « la hausse des prix des œufs ainsi que de la volaille est induite par l'augmentation des prix des aliments qui avoisinent 4 000 DA le quintal. Mais cette hausse indiquent-ils est aussi induite par la croissance de la valeur des taxes imposables sur les aliments importés ». L'organisation appelle, à cet effet, à « la suppression des taxes douanières et interpelle la tutelle afin de soutenir les éleveurs pour éviter l'extinction de la filière ». Les agriculteurs, « assommés » par le prix des aliments attendent l'entrée en vigueur des récentes mesures gouvernementales qui consistent en l'annulation des taxes imposables sur les aliments importés. Parmi les dizaines de jeunes qui ont tenté l'aventure d'investir dans ce créneau, Arezki. Agriculteur dans la région de Tizi Rached, ce dernier dit avoir monté sa petite entreprise avec ses propres moyens. « Je crois savoir que les coûts du soja et du maïs allaient tomber de 50%, mais apparemment rien n'est fait ». Le marché ne semble pas régi par des lois dans notre pays. C'est l'anarchie. Difficile de spéculer sur l'offre et la demande. Les éleveurs de volaille et les producteurs d'œufs pensent que cette augmentation se perpétuera sur quelques mois encore. « Dans la zone de Tala Amara, de nombreux paysans ont déjà mis la clef sous le paillasson. Les paysans arrivent mal à couvrir les charges inhérentes à l'élevage de poules pondeuses. Les prix du soja et le maïs oscillent entre 3200 et 3700 DA le quintal. De plus, les plateaux en carton qu'on achetait à 1 DA sont passés à 4 DA ». Par ailleurs, l'impact a été vite ressenti, puisque l'œuf est devenu le sujet de discussion sur les places publiques. La demande sur le produit et sa consommation seront, vraisemblablement ralenties. Si des commerçants essayent tant bien que mal d'en assurer la disponibilité dans leurs magasins, d'autres s'en passent carrément, car trop chers déplorent-ils. « J'ai constaté que les clients achetaient deux plaquettes quand elles coûtaient 150 DA chez les grossistes. Depuis que le plateau est passé à 310 et 320 DA, ces mêmes marchands de gros vendent au détail… L'œuf est désormais une denrée de luxe ! », constate le professionnel. Par ailleurs, et d'après les chiffres de l'administration de wilaya, le potentiel de production avicole « ponte » a été augmenté de 24% entre 2000 et 2008. Cependant, il faut noter que ce segment dans la wilaya de Tizi Ouzou représente moins de 2,5% de la contribution nationale. Avec ce taux, les commerçants estiment que « notre wilaya est à l'abri de la pénurie, mais si cette crise persiste, et si l'Etat n'encourage pas la culture du soja, ce créneau connaîtra de sérieux problèmes, d'autant qu'une partie de l'Algérois est approvisionné par Tizi Ouzou ». Par ailleurs, la production a connu au fil des ans une augmentation remarquable, selon les chiffres des autorités. Mais en réalité, la filière connaît des hauts et des bas à cause de facteurs qui sont hors de contrôle de l'Etat. Alors qu'elle était de 111 900 000 unités en 2004, une dégringolade s'en est suivie pour atteindre les 83 456 000 unités en 2006. Le segment enregistre un raffermissement à partir de 2007 avec une production qui atteint les 94 000 000 d'œufs.