Les deux hommes ont le même souci : le redressement de la discipline. Dans une déclaration faite à un de nos confrères, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum, est revenu sur l'assemblée générale de la FAF et indiqué que «ce n'est pas une motion de soutien qui allait qualifier notre équipe nationale à la coupe du monde et à la CAN. Les problèmes du football algérien sont autrement plus profonds et nécessitent une véritable thérapie de choc». Et le ministre d'énumérer certains maux dont souffre la discipline comme l'absence de formation, le défaut de recyclage des formateurs ou le développement de ce sport. Quand des idées opposent des personnes, il est bon qu'un débat s'instaure et de la manière la plus fructueuse qui soit, surtout lorsqu'on appartient au même camp, du fait qu'on est supporter de la même équipe nationale. Depuis un certain moment, on ne fait que parler d'un bras de fer qui oppose le ministre de la Jeunesse et des Sports au président de la FAF, M.Mohamed Raouraoua. On aurait compris cela s'il s'était agi de deux hommes qui appartiennent à des camps opposés sur le plan sportif. Or ce n'est pas du tout le cas, puisque leurs idées sur la situation du football algérien se rejoignent. En effet, dimanche dernier, lors de l'assemblée générale de la FAF, M.Raouraoua a, dans son discours de présentation du bilan moral de son bureau fédéral, dressé le même tableau que M.Guidoum sur la situation du football algérien. Lui aussi a parlé de carences en matière de formation, de déficit dans le milieu des formateurs et de manque de développement de la discipline. Et lui aussi a indiqué que ce sport avait besoin d'être pris en charge au moyen d'une politique assimilée à une thérapie de choc. En somme, le président de la FAF ne se dérobait pas et admettait que tout allait mal dans ce sport. Le drame c'est que les pouvoirs publics ont toujours focalisé leur attention sur les résultats définitifs de nos sportifs sans jamais se demander comment ils y parvenaient. Quelqu'un a-t-il jamais cherché un jour comment et pourquoi Noureddine Morceli, Hassiba Boulmerka, Hocine Soltani et Nouria Benida Merrah ont réussi à atteindre l'or olympique, la réussite suprême pour un sportif? S'est-on un jour demandé pourquoi l'équipe de football de 1982 avait pu réaliser les bons résultats qui furent les siens lors du mondial espagnol 1982? Non. Tout ce que l'on a fait, c'est constater et applaudir des deux mains. Encore que l'équipe de 1982, qui reste à ce jour le plus beau produit du football algérien depuis l'indépendance du pays, n'avait pas bénéficié à l'époque de gros égards de la part du pouvoir en place. Parce qu'elle avait raté la qualification au second tour après avoir battu l'Allemagne et le Chili, elle était rentrée au pays presque dans l'anonymat et elle n'avait été l'objet d'aucune réception ou récompense. Même ses deux entraîneurs, Mahieddine Khalef et Rachid Mekhloufi, avaient dû s'éclipser de la scène pendant un bon moment pour se faire oublier. Le reproche qui leur avait été fait c'était de ne pas avoir choisi les bons joueurs pour le match que l'EN avait perdu contre l'Autriche et d'avoir précipité son élimination alors qu'elle était capable de ....décrocher la coupe du monde. On délirait comme on pouvait à l'époque encore que nos clubs étaient autrement mieux gérés et mieux structurés qu'ils ne le sont aujourd'hui. Du reste, Mohamed Raouraoua, ou n'importe quelle autre personne, remporterait la coupe du monde, on trouverait le moyen de chercher des poux dans sa tête. D'ailleurs, le nouveau décret exécutif sur les fédérations sportives ne prévoit-il pas qu'un président de fédération déguerpisse et quitte les lieux au bout d'un seul mandat même s'il venait à remporter des titres olympiques et mondiaux et qu'il est cité en exemple dans le monde pour sa politique? Le scénario qu'on nous propose verse dans l'irrationalité. Dans la grande déprime du sport, on joue au jeu: «c'est la faute de l'autre et certainement pas la mienne». La responsabilité de l'échec de ce secteur est à mettre sur le dos de ces acteurs mais aussi sur ceux qui le gèrent, pouvoirs publics y compris. Il ne suffit pas de dire: «j'ai donné de l'argent» pour croire qu'on peut se laver les mains de l'échec. Et lorsqu'on voit un ministre et un président de fédération converger dans les mêmes idées en matière de redressement de la discipline, le moins que l'on puisse attendre c'est qu'ils associent leur imagination. L'essentiel n'est-il pas , avant tout, le redémarrage sur de bonnes bases d'une discipline que tout Algérien espère voir renaître de ses cendres?