Malgré la décision du juge britannique, ce n'est pas demain la veille que Khalifa prendra un transport vers la France, la procédure pouvant durer des mois, voire des années. Fin de suspense dans l'affaire Moumen Khalifa, incarcéré depuis le 27 mars 2007 en Grande-Bretagne, (où il s'était réfugié), dans le cadre du mandat d'arrêt européen délivré par le tribunal de grande instance de Nanterre. Les charges retenues contre lui par la justice française ont un rapport aux malversations présumées au sein du groupe Khalifa, dans les ex-sociétés Khalifa Airways, Antinea Airlines (transport aérien), et Khalifa Rent-a-car (KRC, location de voitures) toutes enregistrées en France. Le parquet de Nanterre (dans la région parisienne) avait ouvert, fin 2003, une information judiciaire pour «abus de confiance, banqueroute pour détournement d'actifs, banqueroute pour dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée». Agé de 40 ans, celui qu'on a surnommé le «golden boy algérien», a déjà été condamné par contumace en Algérie, à l'issue d'un procès qui avait tenu l'Algérie en haleine, et dans lequel ne furent condamnés que les comparses, les grosses légumes ayant réussi à passer à travers les mailles du filet. L'un de ses avocats avait déclaré que Moumen Khalifa ne pouvait être extradé du moment qu'il n'était pas mis en examen par la justice française. «Le tribunal doit protéger ses droits. Une personne ne peut être extradée que si elle est poursuivie, pas pour être interrogée». Cet argument a été balayé par le représentant de la justice française, qui a déclaré que si la justice française demandait son extradition, c'est parce qu'il y a suffisamment d'éléments dans son dossier qui justifient les poursuites et sa mise en examen. La justice française reprocherait à Moumen Khalifa d'avoir détourné de l'argent, des titres et des actifs appartenant aux filiales du groupe Khalifa, causant ainsi le licenciement de plus de cent salariés et laissant une dette de plus de 90 millions d'euros. A rappeler qu'au total trois personnes ont déjà été mises en examen en France dans le cadre de cette affaire, dont la propre épouse de Moumen Khalifa. Depuis le verdict rendu contre lui par le tribunal de Blida, la justice algérienne affirme que sa demande d'extradition avançait bien, mais ses avocats affirment, de leur côté, qu'aucune demande n'a été introduite par les autorités algériennes dans ce sens. Pourtant, une convention a été signée entre les gouvernements algérien et britannique, mais apparemment les choses en sont restées en l'état. Le minstre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, a déclaré que la justice algérienne n'avait pas terminé son travail dans le cadre de l'affaire Moumen Khelifa, et que d'autres personnes faisaient l'objet d'une nouvelle instruction. Il ne fait aucun doute que le procès Khalifa, considéré comme le procès du siècle, n'a pas révélé tous les tenants et aboutissants et que des auteurs potentiels, qui ont joué un rôle dans la constitution de l'empire Khalifa, demeurent intouchables. L'affaire n'a pas livré tous ses secrets. Il faudra attendre certainement les réponses qui seront données à l'appel interjeté par la défense pour savoir quelle suite sera donnée à la décision du juge britannique, sachant que la justice de Sa Majesté est très pointilleuse. On a, en souvenir, le cas de Rachid Ramda, présumé être le cerveau et le financier des attentats terroristes qui avaient fait de nombreuses victimes en France au cours des années 90. Il fallait attendre des années avant que la demande d'extradition n'aboutisse. Pour ce qui est de l'Algérie, il est certain que le maintien de la peine de mort dans le Code pénal a quelque chose à voir avec les réserves de la justice britannique, même si Khalifa n'a été condamné qu'à perpétuité, par contumace. La peur des juges est justement de voir cette perpétuité commuée en peine capitale.