Rapatriement n Le président Chirac a été contraint, mercredi, d'ordonner le retour en France de l'ex-porte-avions. Après des mois de polémique et de batailles judiciaires, M. Chirac a annoncé cette décision quelques minutes après un arrêt de la plus haute juridiction administrative en France, le Conseil d'Etat, qui a ordonné, en urgence, la suspension du transfert de l'ex-fleuron de la marine. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste français (PSF) a qualifié mercredi cette décision du Conseil d'Etat sur le porte-avions «Clémenceau» de «camouflet au gouvernement», et réclamé «une enquête complète sur cette affaire d'Etat». Selon lui le rapatriement du navire ordonné par le président Chirac «aurait dû intervenir il y a déjà plusieurs semaines, dès les premiers doutes connus sur la présence de plusieurs tonnes d'amiante dans la carcasse du porte-avions». La décision du chef de l'Etat français, «sanctionne le comportement de la ministre de la Défense sur la gestion de ce dossier depuis plusieurs mois. Elle met en cause la responsabilité du Premier ministre, qui n'a pas porté à ce douloureux feuilleton la vigilance indispensable et a repoussé toutes les demandes d'information et d'enquête exprimées par les associations et les partis d'opposition», a-t-il souligné. Le Conseil d'Etat avait été saisi par quatre associations écologistes, dont Greenpeace, opposées au transfert du «Clémenceau» vers l'Inde, où le navire désarmé devait être démantelé et désamianté dans les chantiers d'Alang (ouest). Ces associations mettaient en avant les risques existant, selon elles, pour l'environnement et la santé des ouvriers indiens, pauvres et mal protégés, chargés de désamianter le navire, ce que conteste Paris. Le transfert du «Clémenceau» avait suscité une polémique qui était allée en s'intensifiant, les autorités françaises étant accusées de se débarrasser en Inde d'une carcasse flottante encore chargée de 46 tonnes d'amiante, selon l'armée, de 500 à 1 000 d'après des experts, après avoir banni cette substance cancérigène sur leur propre sol. La Cour suprême indienne avait, de son côté, ordonné une expertise et interdit au navire de pénétrer dans les eaux territoriales de l'Inde. Cette décision est intervenue avant la visite d'Etat de M. Chirac en Inde la semaine prochaine et qui risque d'être empoisonnée par cette polémique. Le ministère de la Défense a soutenu, depuis le début, que «Le Clémenceau» était un navire de guerre et non un déchet, dont l'exportation est interdite aux termes d'une réglementation européenne de 1993, un avis qui a été contredit lundi par un magistrat, ouvrant la voie à l'arrêt du Conseil d'Etat.