La distribution du manuel scolaire, la gestion des établissements et la déperdition scolaire sont autant de problèmes à relever. Plus de 7,5 millions d'élèves rejoindront aujourd'hui les bancs de l'école. Au-delà de ce chiffre annoncé en grande pompe, plusieurs «imperfections» sont à relever pour cette nouvelle année scolaire, à commencer par le manuel scolaire. Le département de l'Education nationale affiche un optimisme quant à la disponibilité de cet outil pédagogique pour assurer la couverture des besoins nationaux. Toutefois, une anarchie caractérise la distribution du livre scolaire. C'est le ministre de l'Education nationale, M.Boubakeur Benbouzid, lui-même, qui l'avoue. «Plus de 15% de manuels scolaires n'ont pas été vendus. Ils sont en stock», a-t-il révélé au mois de février dernier. Selon M.Benbouzid, la défaillance n'est pas dans la production mais réside dans «la distribution et la gestion de ces manuels». Un autre problème reste toujours posé à chaque rentrée scolaire. Il s'agit de la gestion des établissements du secteur. Le ministre était clair lors de sa réunion, dimanche dernier, avec les 48 directeurs de son secteur. Il a soulevé la «mauvaise gestion» des établissements scolaires. En effet, un déséquilibre flagrant est constaté dans ce sens. Certaines infrastructures sont confrontées à l'absentéisme des élèves et sont carrément fermées alors que des effectifs pléthoriques sont enregistrés dans d'autres. En matière d'encadrement, l'enseignement en langue française pose encore problème. Les chiffres du ministère éclairent bien cette situation. En effet, seulement 44,04% d'élèves sont parvenus à avoir la moyenne en langue française durant la 1re session de l'examen de fin de cycle primaire. Pis encore, 10.196 écoliers, sur un total de 728.595 présents à l'examen, avaient été dispensés de l'examen du français. Le chiffre effrayant (1007) est enregistré au niveau de la wilaya de Souk Ahras. Cette situation est exclusivement expliquée par le manque d'enseignants en la matière. Pourtant, des milliers de jeunes diplômés répondant aux normes exigées pour l'enseignement dans ce cycle, sont au chômage. En revanche, le phénomène de la déperdition scolaire s'apparente, vraisemblablement, à une véritable hémorragie au sein de notre société. Selon des statistiques rendues publiques par des associations, ils ne sont pas moins de 500.000 élèves des cycles fondamental et secondaire à être annuellement exclus des bancs de l'école. La prise en charge sociale est considérée comme l'une des causes majeures de ce phénomène, notamment dans les régions de l'intérieur du pays. En effet, dans les localités reculées, pour rejoindre l'école, les élèves sont contraints de parcourir quotidiennement plusieurs kilomètres à pied. S'ajoute à cela le manque terrible de transport scolaire. Selon les résultats d'une étude sur les caractéristiques de l'interruption de la scolarité, réalisée pour le compte de l'association Iqraâ par les consultants du Ceneap (Centre d'analyses et d'études sur l'environnement et la population), presque la moitié (49,90%) des élèves des deux sexes quittent définitivement l'école au premier cycle. Au plan officiel, le ministre de l'Education nationale parle aussi d'un taux de déperdition considérable à côté d'un fort taux de scolarisation. Toutefois, pour ce qui est des statistiques, son département donne un chiffre nettement inférieur ne dépassant pas les 100.000 élèves pour ces 5 dernières années, tous cas confondus, pour les cycles primaire et obligatoire. Expliquant ce chiffre, M.Boubakeur Khaldi, secrétaire général du ministère, a estimé, lors de l'une de ses sorties médiatiques, qu'il y a une confusion sur ce sujet. Pour lui, un élève qui quitte l'école parce qu'il n'a pas obtenu son baccalauréat ou son BEF a toutes les possibilités d'accéder à certains métiers ou formations au niveau de la formation professionnelle. Et c'est justement les paramètres d'évaluation pédagogique qui ont poussé le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, en juin dernier lors de sa visite dans la wilaya de Sétif, à demander de revoir le système de passage au lycée estimant que le retour à l'ancienne méthode va donner plus de chance aux élèves pour avoir un bon niveau. Le chef de l'Etat avait qualifié d'«injuste» le système d'évaluation actuel auquel il faut parer en instituant un «coefficient équitable» pour le passage au cycle secondaire. Une décision aussitôt appliquée par le département de Benbouzid.