Le ministre algérien de l'Energie et des Mines estime que l'Algérie n'est pas concernée par les restrictions que veut imposer le Parlement européen. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, veut soumettre à de sévères conditions les entreprises non européennes désireuses d'investir en territoire européen. Cela ne suscite apparemment aucun signe d'affolement de la part des autorités algériennes. Intervenant sur les ondes de la radio nationale Chaîne III, M.Chakib Khelil a déclaré: «Nous ne sommes pas inquiets car la décision n'est pas définitive, et je ne pense pas qu'elle concerne Sonatrach ou l'Algérie.» Selon les observateurs, le projet présenté par la Commission européenne, qui tend à séparer les activités de production de la propriété des réseaux de distribution de gaz et d'électricité en Europe, viserait en priorité le «géant gazier» russe Gazprom, mais aussi la compagnie nationale Sonatrach. La compagnie algérienne des hydrocarbures est justement très intéressée par le domaine de la distribution directe de gaz en Europe. Elle compte pouvoir y investir. Des négociations sont d'ailleurs en cours avec des partenaires espagnols, français et portugais. Il faut rappeler que la Commission européenne a retenu le principe de réciprocité entre en ce qui concerne les investissements entre pays producteurs et consommateurs d'énergie. M.Chakib Khelil a souligné, lors de son intervention, que l'Algérie l'a déjà mis en application, selon le ministre algérien de l'Energie et des Mines, c'est plutôt cet aspect qui aurait motivé le projet de la Commission européenne. «Le but de la Commission est d'autoriser beaucoup de concurrents et d'introduire la réciprocité (...). Cela ne concerne pas notre pays. Nous permettons aux sociétés européennes d'activer en Algérie, et il n'y a pas de raison pour qu'on ne permette pas aux sociétés algériennes d'activer en Europe», a déclaré, à la Chaîne III, M.Chakib Khelil. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines, jusqu'à ce moment-là de son intervention, n'a montré aucun signe d'inquiétude. Il n'a, cependant, pas écarté l'éventualité de «représailles» au cas où la compagnie nationale algérienne des hydrocarbures Sonatrach serait ciblée. L'Algérie s'estimerait alors en droit de défendre ses intérêts. Et au ministre algérien de l'Energie, M.Chakib Khelil, d'avertir: «Si la Commission européenne maintient le monopole sur les gazoducs et la distribution, il faut s'attendre à des conséquences en termes de concurrence, et ce seront les pays consommateurs qui paieront les frais.» A bon entendeur, salut, pourrait-on dire. «La Sonatrach continuera à vendre son gaz et à activer dans la distribution là où elle est présente, en Espagne et au Portugal», a sereinement indiqué M.Chakib Khelil. La bataille pourrait être âpre. Les pays européen prendront-ils le risque d'ouvrir un second front? Le prix du baril de pétrole, qui menace de turbulences leurs économies, a encore atteint un record historique. 82,51 dollars sur le New York Mercantile Exchange, ce jeudi. Alors, ira-t-on vers un bras de fer qui risque de déboucher sur une crise majeure que l'Europe ne souhaite sans doute aucunement?