Y a-t-il un importateur derrière chaque douanier ? 11% au moins des importateurs algériens sont de faux opérateurs économiques. C'est ce qui a été révélé par M.Sid Ali Lebib, directeur général des douanes algériennes, lors de l'émission Grands débats animée sur Canal Algérie par notre confrère Chafik Abdi. «Ce sont pour la plupart de faux importateurs qui ont fui la scène commerciale suite aux nouvelles réformes anticorruption entamées depuis quelque temps», a expliqué M.Lebib. Ce pourcentage représente environ 5.500 opérateurs «taiwan» qui, pour la plupart, ne vivaient que de la corruption instaurée à l'aide de quelques douaniers véreux. «Ils n'ont pu faire face au nouveau décret ministériel imposant la création des sociétés spécialisées ainsi que le nouveau programme d'informatisation» a expliqué M.Lebib avouant qu'il reste beaucoup à faire dans ce domaine. «Il serait prétentieux de dire que j'ai réussi à faire tomber les masques.» Dans le même contexte, le DG de la douane semble toutefois satisfait des résultats du programme de lutte contre la fraude notamment dans les ports et aéroports. Les résultats sont, selon lui, très encourageants: «Il n'y a qu'à faire un tour au port pour voir le nombre de conteneurs abandonnés par des importateurs malintentionnés, par peur de tomber dans les filets des contrôles rigoureux.» M.Lebib n'a pas avancé le nombre exact de conteneurs abandonnés au port, mais le chiffre a atteint des proportions alarmantes. L'aération du système fiscal et de taxes a été longtemps débattue lors de cette émission. Le patron de la douane dira à ce sujet que la multitude de taxes et la fiscalité douanière complexe avaient justement contribué à la propagation de la corruption. «Certains douaniers négociaient leur part dans ces taxes». Selon M.Lebib, cette aération consiste en l'instauration de trois étages de taux: l'un fixé à 5% pour les importations de matière première et 15 et 30% respectivement pour les produits semi-finis et finis destinés directement au commerce. Elle a été aussi, un des facteurs qui ont favorisé la corruption. Depuis quelque temps, les opérateurs ne sont plus noyés dans les chiffres et références complexes ; ainsi, la marge de manoeuvre de quelques douaniers désobligeants est carrément infime dans ce cadre. Justement pour la corruption des douaniers, M.Lebib a insisté sur le fait que ceux-ci sont sous-payés. Le salaire d'un simple douanier n'atteint même pas 10.000 DA et celui du directeur central de l'administration centrale de la douane ne dépasse pas les 25.000 DA. «On ne peut résister à la tentation dans une telle situation sociale» dira-t-il. La révélation de Lebib donne en même temps l'ampleur de la corruption chez certains douaniers qui se retrouvent à la tête de grosses fortunes sans pour autant laisser le misérable salaire de 8.000 DA. Un indice qui sous-entend que les activités informelles ont longtemps gangrené l'institution douanière. Leur nombre n'a jamais été rendu public, encore moins les enquêtes sur les fortunes mal acquises des douaniers. La question «y a-t-il un importateur derrière chaque douanier?» est jugée trop exagérée par M.Lebib. Il dira, en annonçant une augmentation des salaires des douaniers, que beaucoup de dossiers de douaniers malveillants ont été transférés à la justice. Cette mesure, avouera-t-il, concourra à apaiser la tentation chez les douaniers.