La Compagnie nationale algérienne des hydrocarbures offre près de 6 milliards d'euros pour l'acquisition de 30% du pétrolier espagnol Cepsa. Selon les informations fournies hier par le très sérieux quotidien espagnol El Economista, Sonatrach a offert 5,7 milliards d'euros pour rendre concrète cette opération. Cepsa, seconde plus importante compagnie pétrolière espagnole, devrait céder dans ce cas 30% de son capital à la Compagnie algérienne des hydrocarbures, Sona-trach. Hautement stratégique, cette OPA permettra à Sonatrach de prendre le contrôle total du projet Medgaz. En effet, avec les 20% des parts que détient Cepsa, Sonatrach deviendrait l'actionnaire majoritaire, car elle détient déjà 36% du projet. Medgaz est le second gazoduc qui doit relier l'Algérie à l'Espagne. Il joindra la ville de Béni Saf (ouest de l'Algérie) à la ville du sud de l'Espagne, Almeira. Le géant algérien des hydrocarbures, Sonatrach, était déjà l'actionnaire majoritaire de ce gigantesque projet, après le retrait des compagnies Total et BP. Le gazoduc revêt un caractère prioritaire dans la stratégie énergétique espagnole. Quelque 4 milliards de mètres cubes de gaz devraient transiter à travers le Medgaz durant l'année 2007. Le quotidien espagnol a cependant tempéré quelque peu son information. Il évoque la récente annulation du contrat de Gassi Touil par Sonatrach. La compagnie nationale algérienne des hydrocarbures, Sonatrach, avait officiellement annoncé le 5 septembre 2007 la résiliation du contrat conclu en 2004 avec les sociétés espagnoles Repsol et Gas Natural. Il s'agissait du contrat concernant le projet intégré de développement du gisement de Gassi Touil. Sonatrach avait expliqué cette décision par le non-respect des clauses du contrat de la part des deux sociétés ibériques. Sonatrach a évoqué un litige résultant d'un «fiasco industriel majeur» à caractère «purement commercial» alors que la partie espagnole dénonçait une «décision politique». D'après la thèse développée par El Economista cela pourrait pousser Madrid à faire obstacle aux ambitions de Sonatrach sur le marché espagnol. L'opération de rachat de Cepsa serait alors sérieusement compromise. Certains analystes pensent toutefois que le rachat de Cepsa peut servir d'outil de négociation afin de reconsidérer le projet Gassi Touil. Sonatrach quant à elle est restée muette. Elle n'a fait aucun commentaire sur les informations publiées par le quotidien espagnol El Economista. La compagnie nationale algérienne des hydrocarbures, Sonatrach, n'a répondu ni par l'affirmative ni par la négative aux interrogations de l'agence d'informations financières Thomsol Financial qui s'intéressait de près au sujet. A la Bourse de Madrid, l'offre de Sonatrach semble avoir valorisé l'action de Cepsa dont le cours avoisinait les 70 euros. De leur côté, les deux groupes espagnols, le pétrolier Cepsa et la banque Santander, observent un silence qui pourrait en dire long sur la réalité de cette affaire.