Inquiet par la volonté d'expansion de Sonatrach en Espagne, le gouvernement espagnol a demandé à la Santander de refuser l'offre de Sonatrach pour l'acquisition des 30% du capital détenus par la banque dans le pétrolier Cepsa, selon des informations rapportées hier par le quotidien économique espagnol Cinco Dias. Madrid a suggéré à Santander d'attendre d'autres offres. Pour rappel, la compagnie nationale a offert 5,7 milliards d'euros à la banque espagnole Santander pour l'acquisition de 30% du capital de l'espagnol Cepsa. L'offre de Sonatrach devait valoriser le pétrolier espagnol à près de 20 milliards d'euros. L'acquisition de 30 % de Cepsa est une opération hautement stratégique pour la compagnie nationale des hydrocarbures dans la mesure où Cepsa, qui contrôle 20% du Medgaz, donnerait à Sonatrach le contrôle total du futur gazoduc algéro-espagnol. L'intérêt de Sonatrach pour Cepsa coïncide avec la stratégie de Sonatrach d'entrer sur le marché énergétique espagnol. Une stratégie que le gouvernement espagnol entend freiner en se basant notamment sur la dernière recommandation de la Commission de Bruxelles concernant les conditions d'implantation des groupes énergétiques étrangers en Europe. Les différents conflits qui ont émaillé ces derniers mois les relations énergétiques algéro-espagnoles ont montré la grande tendance des autorités espagnoles à user de stratagèmes. Il suffit pour s'en convaincre de se rappeler les conditions draconiennes qu'a voulu imposer la CNE espagnole en contrepartie de la validation de la montée de Sonatrach dans le capital de Medgaz. Par ailleurs, cette décision du gouvernement espagnol de s'opposer à l'entrée de Sonatrach dans le capital de Cepsa, intervient au lendemain des premières déclarations du PDG de Repsol sur le dossier Gassi Touil. Lors d'une rencontre à Madrid avec des journalistes espagnols, le PDG de Repsol, Antoine Brufau, a reproché à Sonatrach d'avoir manqué de "flexibilité" dans la gestion de ce dossier en annulant le contrat. Selon lui, la compagnie nationale des hydrocarbures "n'a pas voulu écouter" les arguments avancés par ses deux partenaires espagnols pour justifier les retards. Alors que la procédure d'arbitrage international a déjà commencé au niveau de la Commission des Nations unies pour le droit commercial international (Uncital) basée à Genève, Antoine Brufau a affirmé que son groupe bénéficie d'un "soutien total" du gouvernement espagnol et que sa compagnie entend demander d'importantes sommes d'argent à Sonatrach en dommages et intérêts. Au lendemain de la rupture par Sonatrach du contrat du projet intégré de Gassi-Touil avec le consortium espagnol, le ministre espagnol de l'Industrie, Juan Clos, avait affirmé que "nous n'allons pas exposer notre relation globale avec l'Algérie à cause d'un projet qui est important mais qui n'est pas le plus grand", soulignant que la coopération économique entre l'Espagne et l'Algérie notamment dans le secteur énergétique se poursuivra malgré l'annulation du contrat de Gassi-Touil. De son côté, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et de la Coopération du Royaume d'Espagne, Léon Bernardino, a tenté de rassurer, lors de sa récente visite de travail dans notre pays, sur la solidité des relations énergétiques avec l'Algérie où les sociétés espagnoles ont décroché beaucoup de contrats juteux. Cependant, force est de constater que les règles de concurrence qui fonctionnent en Algérie pour les sociétés espagnoles sont loin de fonctionner en Espagne pour les sociétés algériennes, notamment Sonatrach.