Cette résurgence et ce retour au premier plan de maladies que l'on croyait disparues depuis longtemps. L'été reste incontestablement lié aux maladies infectieuses. Elles sont plus nombreuses que d'habitude. Méningite, gale, typhoïde et tuberculose sont signalées un peu partout sur le territoire national. Une situation qui devient de plus en plus inquiétante. Pas plus tard qu'avant-hier, 21 personnes ont été hospitalisées à l'hôpital de Aïn Oussera (wilaya de Djelfa) dont un cas avéré de typhoïde. Sa prise en charge est en cours, selon le wali. Les autres sont gardés en observation. Une équipe médicale est à pied d'oeuvre pour déterminer les causes et l'origine de ces malaises en collaboration avec les services concernés. Il convient aussi de rappeler le cas des 64 personnes atteintes d'un syndrome néphrétique aiguë décelé, la semaine dernière, dans la wilaya de Sidi Bel Abbès. Ces derniers sont toujours sous surveillance médicale au CHU de la wilaya. «La situation n'est pas alarmante en raison de la bonne évolution des malades atteints du syndrome néphrétique mis sous un simple traitement symptomatique», rassure le directeur de la santé, de la population et de la réforme hospitalière. L'enquête épidémiologique est toujours en cours. Elle a permis grâce aux résultats des examens biologiques et anatomopathologiques de confirmer l'étiologie infectieuse. «Le germe causal est en cours d'identification», indique le même responsable. Cependant, selon un communiqué de la Gendarmerie nationale repris par l'APS, les personnes ont été atteintes d'une néphrite aiguë après avoir consommé de l'eau polluée. Une hypothèse que l'Algérienne des eaux (ADE) qui gère l'approvisionnement dans la région récuse. Selon cette unité, l'eau potable dans la wilaya de Sidi Bel Abbès est saine et propre à la consommation. «Toutes les analyses effectuées par notre service qualité n'ont révélé aucune anomalie», ajoute l'unité ADE de Sidi Bel Abbès. Par ailleurs, d'autres maladies sont également signalées dans différentes wilayas de l'ouest, notamment à Oran. La wilaya se retrouve encore une fois menacée par la résurgence des maladies épidémiologiques. En effet, une moyenne de 15 cas de maladies dermatologiques, dont 5 cas de gale sont recensés quotidiennement au niveau des services spécialisés du CHU d'Oran, apprend-on de sources sanitaires. Ces derniers sont admis en urgence nous informe-t-on pour recevoir les soins nécessaires. A l'origine, la pollution et les rejets industriels favorisant l'éclosion de la bactérie, cause principale de la dermatose. D'autre part, la tuberculose fait rage à Oran. Rien que pour le premier trimestre de l'année en cours, 283 cas de tuberculose et 98 autres de tuberculose extrapulmonaire ont été dénombrés. La pollution y est pour beaucoup dans la propagation et l'extension de ces maladies. C'est à se demander si ces pathologies sont réellement prises en charge. L'affirmative est de mise du côté des responsables locaux de la santé. Seulement, la réalité du terrain atteste du contraire. La culture de prévention est quasiment absente. En principe, tout doit régulièrement être contrôlé et surveillé singulièrement durant les saisons estivales: désinfection des réseaux d'eau potable, multiplication des analyses bactériologiques et physico-chimiques des ressources hydriques, renforcement des inspections sur les communes «à risque»... Certes, il existe à l'échelle nationale des Bureaux communaux d'hygiène. Cependant, ils devraient disposer de moyens de contrôle élargis. Faute de ces moyens leurs actions restent limitées. A cela s'ajoute un problème crucial, celui de l'insuffisante couverture sanitaire. C'est dire que chaque année, à la même période, la population doit faire face à des fléaux parfois d'une autre époque. L'on se rappelle les cas de peste bubonique enregistrés en 2003 et qui ont bouleversé l'ouest du pays, notamment à Oran, Mascara et Aïn Temouchent. L'absence d'entretien du réseau des eaux usées et la prolifération des décharges sauvages, faute de ramassage des ordures ménagères, favorisant la prolifération des rats, vecteur de cette maladie, ont été fortement dénoncés. Mais, faut-il qu'une catastrophe survienne pour que les autorités concernées «bougent»? D'ailleurs, c'est après que la peste a tué des personnes qu'une campagne de désinfection et de dératisation a été entamée. Il est clair que les collectivités locales ont une grande part de responsabilité dans les régressions d'ordre sanitaire qui ont favorisé le retour de maladies infectieuses, induites par une incapacité à régler les nombreux problèmes d'hygiène qui se posent aux communes et aux régions placées sous leur autorité. Mais la responsabilité du département de Amar Tou est également, clairement établie. Le défaut d'une véritable politique sanitaire, l'absence d'une prise en charge du personnel médical et paramédical, notamment dans les Hauts- Plateaux et dans le Sud, l'inexistence de mesures incitatives en direction des médecins et des salaires peu motivants expliquent, du moins en partie, les carences constatées en milieux hospitaliers avec comme résultat la résurgence de maladies que l'on croyait éradiquées. Un retour sur l'état des services hospitaliers algériens en dit long sur la régression d'un milieu qui était alors autrement mieux tenu.