Les problèmes économiques ajoutent à cet état de fait et les familles sont de plus en plus nombreuses à attendre la bienfaisance. La pauvreté est un phénomène qui tend à prendre de l'ampleur, notamment à Tizi Ouzou. La région pas vraiment industrialisée ne compte que quelques unités importantes dont certaines, hélas, semblent ne plus fonctionner comme auparavant. Ainsi l'Eniem à Oued Aïssi et surtout la Cotitex à Draâ Ben Khedda ne sont plus ces pôles industriels qui comptaient des milliers de travailleurs. Passe encore pour l'Eniem qui semble se battre avec fougue et tend à reprendre sa place, la Cotitex est en passe de se décliner au passé! Aussi, en l'absence d'un tissu industriel conséquent et d'une agriculture performante, la wilaya étant plus en zone montagneuse, Tizi Ouzou ne saurait désormais plus compter sur l'émigration maintenant que les frontières se ferment de plus en plus devant les jeunes bras. Aussi les familles nécessiteuses sont de plus en plus nombreuses. La direction de l'action sociale a ainsi dressé un état statistique des familles démunies, un état qui donne froid dans le dos. Aïn El Hammam compte 1703 familles dans le besoin, Azazga (1016), Azeffoun (427), Beni Yenni (599), Boghni (1803), Beni Douala (13.312), Bouzeguène (1049), Draâ Ben Khedda (661), Draâ El Mizan (2240), lferhounen (521), Larbaâ Nath Irathen (816), Maâtkas (464), Makouda (693), Mekla (1319), Ouadhias (2160), Ouacifs (809), Ouaguenoun (1489), Tigzirt (523), Tizi Gheniff (1267), Tizi Rached (424) et Tizi Ouzou (750), soit un total de 22.053 familles démunies pour toute la wilaya. L'autre signe le plus parlant est, sans doute aucun, cette propension des gens à demander l'aumône alors qu'auparavant cette pratique était rare. Aujourd'hui à Tizi Ouzou, ils sont nombreux à tendre la main, bien entendu, il ne s'agit pas de ces mendiants professionnels qui habitent le bidonville d'Oued Aïssi, mais des vieux et souvent des enfants et des femmes qui descendent des villages pour tendre la main en ville. Certes, certains de ces mendiants sont connus comme celui qui, avec son fils, s'adonne à la mendicité pour ramasser de quoi boire, ou encore ce personnage qui, alpague les passants pour leur demander de lui payer un sac de semoule, plus d'une fois. Le passant d'accord, notre mendiant l'emmène chez «son épicier» qui encaisse l'argent et notre mendiant revend ensuite tranquillement son sac avec une ristourne. En dehors de ces phénomènes, les véritables nécessiteux, soit tendent discrètement la main ou, le cas échéant, sont pris en charge par la communauté villageoise. Un fait est certain, la mendicité est de plus en plus visible. Aussi bien dans les villes que dans les villages. Il semble que les chiffres de l'action sociale sont à prendre avec beaucoup de réserves. Tant les gens ne se font pas toujours connaître auprès de ces services, soit par ignorance, soit encore par fierté, ces derniers se refusent à accepter leur sort et tentent de se battre pour s'en sortir seuls.