«Les autorités sanctionnent les gendarmes, mais pas les destructeurs.» Le leader du MSP n'a pas hésité, encore une fois, à afficher son inimitié pour le mouvement citoyen de Kabylie. Il a déclaré, hier, devant des inconditionnels de son mouvement venus de Draria et des hauteurs d'Alger à la salle Rouiched de Hussein Dey, que «le pouvoir est mou avec ceux qui détruisent le pays» dans une allusion aux coordinations des ârchs. Et d'ajouter: «Les autorités sanctionnent les gendarmes, mais pas les destructeurs». Ce fait représente pour le patron du MSP «une injustice qu'on ne peut dissimuler». Ainsi Nahnah clame à haute voix: «Les gendarmes ont été lésés, la langue arabe violée, la Constitution bafouée et l'Islam attaqué.» Sur sa lancée, Mahfoud Nahnah souligne sous les applaudissements de la salle qu'«on ne comprend pas pourquoi les marches de soutien pour la Palestine sont systématiquement interdites par les pouvoirs publics qui autorisent les marches des rebelles qui détruisent le pays (sic)». Les événements de Kabylie, qui se poursuivent depuis 11 mois, sont, selon les propos de Nahnah «une deuxième fitna», la première étant, paraît-t-il, ce qui s'est passé depuis 1992. Dans le même contexte de la crise de Kabylie, il dira que «la minorité veut instaurer son hégémonie sur la majorité», ce que le peuple, crie encore Nahnah, «n'acceptera jamais», et d'ajouter avec une voix déchirée: «Il ne faut pas qu'ils imposent leurs diktat aux Algériens.» Mais il était temps que ceux qui ont saccagé et incendié les édifices de l'Etat payent «les autorités se doivent de les sanctionner». Une fois calmé par les youyous des militantes du mouvement, Nahnah ayant le sentiment qu'il est allé trop loin, tente une rectification. Mais justement c'est à ce moment que le discours du cheikh devient dangereux. En s'adressant aux militants, il dira: «Oui, la minorité existe en Algérie à l'instar des minorités idéologiques, mais il ne faut pas prendre les armes...il ne faut pas s'adonner à la violence...si l'autre (le Kabyle ndlr) vous frappe, ne ripostez point... faites comme Jésus tendez-lui l'autre joue.» Abordant le sujet des élections, Nahnah affirme que «si on veut que les consultations soient libres, que le gouvernement et l'administration s'écartent». Selon lui, la transparence du scrutin ne peut avoir lieu que «lorsque les partis s'occupent eux-mêmes des élections». De toute façon, précise-t-il, «notre majliss echoura n'a pas encore pris la décision de participer au suffrage». «Mais, avertit le redoutable Nahnah, il est indiscutable cependant d'être prêt aux joutes». A souligner que l'intervention de Nahnah est intervenue juste après un certain Lakhdar Rabhi, président de la commission électorale du MSP au niveau de la capitale. Mais avant de céder la parole, Mahfoud Nahnah, ironiquement, a souligné: «Il ne faut pas que la presse écrive que je fais une campagne électorale». Dont acte.