“Le monde entier doit savoir ce qui se passe en Algérie et non seulement s'intéresser à nos puits de pétrole. Cette action s'inscrit dans ce sens...” La Coordination interwilayas des archs s'occupe des dernières retouches pour l'organisation de la marche nationale des délégués, élargie aux citoyens, devant avoir lieu à Alger pour exiger la libération des détenus et attirer l'attention de l'ONU sur la situation alarmante des droits de l'Homme en Algérie et particulièrement en Kabylie depuis dix-huit mois maintenant. Alors que les murs de Tizi Ouzou sont placardés, depuis hier, par les affiches contenant l'appel à la marche nationale dans lequel la violation des droits de l'Homme par le pouvoir algérien est dénoncée, la Coordination des comités de citoyens d'Alger a également lancé un appel, “à l'occasion du 54e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme” aux “Algéroises et Algérois” à “rejoindre massivement la marche de mardi 10 décembre 2002. Cette marche, initiée par l'Interwilayas débutera à 11h de la place du 1er-Mai pour aboutir au siège de l'Organisation des Nations unies (ONU) sise à Hydra”. Les délégués du Mouvement citoyen d'Alger indiquent, dans le même appel, que “l'étouffement de toutes les libertés démocratiques, le déni identitaire, l'impunité, la hogra institutionnalisée, les provocantes inégalités sociales, le chômage endémique, les dilapidations des biens et des ressources de notre pays, et la validation des scrutins électoraux rejetés massivement par le peuple, sont autant de facteurs ayant poussé la jeunesse des quatre coins du pays à se révolter”. La CCCA fustige le pouvoir “assassin, corrompu et corrupteur par la répression sauvage et aveugle, par l'usage de balles explosives, par le recours systématique à la torture, aux humiliations et aux détentions arbitraires, par son entière responsabilité dans l'assassinat lâche de centaines de jeunes, ne fait qu'accroître la détermination du mouvement citoyen. Ce mouvement, qui lutte depuis le 18 avril 2001 et qui s'inscrit dans une résistance nationale, pacifique et durable, s'engage pour que de tels crimes commis contre le peuple algérien ne restent pas impunis”. Les délégués d'Alger concluent dans l'appel : “Notre mouvement citoyen d'essence démocratique et résolument pacifique, exige la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur scellée et non négociable, explicitée à Larbaâ Nath Irathen, la libération sans conditions des détenus (du mouvement citoyen), otages du pouvoir totalitaire, le jugement par les tribunaux civils des auteurs et des hauts responsables de toutes les institutions impliquées dans la répression et dans les assassinats de militants de la démocratie algérienne, le respect de la Déclaration universelle des droits de l'Homme”. Notons qu'une lettre préventive de l'interwilayas devra être remise au représentant de l'ONU en Algérie à l'issue de la marche nationale. “L'objectif de notre action est de dénoncer la répression et la violation des droits de l'Homme dont fait acte le pouvoir algérien à l'endroit de tout le peuple et particulièrement des citoyens d'une région martyrisée, à savoir la Kabylie, et de ses légitimes représentants qui mènent, depuis près de vingt mois, une lutte pacifique au sein du mouvement citoyen, mouvement né au lendemain des sanglants évènements du Printemps noir. Cela d'une part. Et d'autre part, exiger la libération immédiate et inconditionnelle des détenus politiques (actuellement en grève de la faim illimitée) de notre mouvement et la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur, laquelle constitue l'ultima verba de notre mouvement. Nous pensons qu'avec notre présent appel, lancé en signal d'alerte, les portes de votre instance seront accessibles et que l'empêchement auquel nous ont habitués les autorités algériennes n'aura pas lieu, grâce à votre prévention, au surplus, en cette date anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'Homme”, est un extrait de la lettre déjà faxée au siège onusien à Alger, et dont une copie a été envoyée par e-mail au Haut commissariat des droit de l'Homme à Genève. Ahmed Ammour, délégué de Tizi Rached et membre de la présidence tournante de la CADC, nous déclarera : “Le monde entier doit savoir ce qui se passe en Algérie et non seulement s'intéresser à nos puits de pétrole. Cette action s'inscrit dans ce sens. C'est également un moyen de pression pour la libération des détenus, du mouvement citoyen et la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur explicitée à Larbaâ nath Irathen scellée et non négociable”. Notre interlocuteur nous informe, par ailleurs, qu'une marche organisée par le mouvement associatif en Belgique est prévue le même jour, le 10 décembre, à Bruxelles où Bouteflika doit justement se rendre. Par ailleurs, la CADC de Tizi Ouzou a organisé hier, comme chaque dimanche, un sit-in devant le tribunal pour exiger “la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus du mouvement citoyen, otages politiques du pouvoir”. De nombreux délégués venus de différentes régions de la Kabylie ont pris part à cette manifestation. K. S.