«N'était la conjoncture, je dirais: pour l'urne nous mourrons (âlayha namout)». C'est là un des moments forts d'un discours qui n'a pas dérogé à la règle et où le MSP est présentée comme victime de la fraude! Le meeting allait, jusqu'avant-hier, être animé par le ministre Mokri. C'est finalement Mahfoud Nahnah en personne qui s'est déplacé à Bouira. Ce changement entre, selon toute vraisemblance, dans une stratégie mise en place contre les rivaux du RND et du FLN qui dépêcheront aujourd'hui et demain, leurs secrétaires nationaux, Ahmed Ouyahia et Ali Benflis. Ainsi Bouira, par sa position de wilaya englobant des ethnies arabophones et berbérophones, devient une circonscription électorale importante sur l'échiquier politique national. Dans une salle pleine, le président du MSP arrive à 10h 30 sous un tonnerre d'applaudissements et de cris «Nahnah président». Ne dérogeant pas à la règle et comme les animateurs des meetings précédents à Bouira, le président du MSP s'en prendra aux responsables des autres formations, en lice, qui, selon lui, au nom d'une pseudodémocratie, veulent enfermer l'islam dans une cage en or. «A ceux-là nous disons, pas d'Etat laïque en Algérie», criera le cheikh avant que la salle n'entonne des «Allah Ouakbar». Répondant à sa tête de liste, le professeur Issad, qui déclarera que sans trois sièges, le MSP refusera les résultats de l'échéance électorale, Mahfoud Nahnah dira qu'il prend aujourd'hui les arrhes et attendra le 30 pour prendre le reste. Sur un ton chargé d'émotion, le président s'apitoiera sur le sort du pauvre peuple algérien victime, selon lui, d'une mafia à plusieurs facettes: politique, financière et maintenant administrative. Argumentant ses propos par les exemples de pays tels que les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne où les programmes, la culture forment un consensus national qui permettra une réelle sortie de crise. «Ceux qui prétendent détenir la solution sont des menteurs et nous leur dédions la chanson: inta kadhab (tu es un menteur)». De son côté, le MSP a organisé jeudi une sortie sur Tizi Ouzou, dans le cadre de la campagne électorale. Abdelaziz Mokri, le député du MSP, accompagné de responsables de son mouvement et de candidats du MSP de la liste de Kabylie, a tenu un meeting à la salle Saïd-Tazrout de Tizi Ouzou. C'est devant, environ, une centaine de sympathisants et militants du MSP que M. Mokri a délivré un discours qui promet le soleil et l'espoir pour la région. Les militants du MSP, dont quelques femmes rameutées pour la circonstance, ont eu à «souffrir» de quelques jets de pierres, de jeunes contestataires. En effet, alors même que le meeting «battait son plein» des jeunes ont lancé quelques projectiles sur la salle, une façon de transmettre au MSP, via le conférencier, un message destiné au cheikh en alpaga. Nahnah n'est, apparemment, guère en odeur de sainteté avec la Kabylie. Il est vrai que Nahnah a fait, par le passé, des déclarations assez mal accueillies dans la région et ce, à plusieurs reprises. Il s'était, ainsi, pris d'abord à l'idole des jeunes de la région: le chanteur Matoub Lounès à la mort de ce dernier. Cette «sortie» a d'ailleurs valu, à Nahnah, bien des déboires, y compris avec ses militants de Kabylie. Plusieurs d'entre eux étaient allés jusqu'à quitter le mouvement. Un mouvement qui'il faut le souligner, n'est guère présent que dans quelques villes de Kabylie. Comme les jeunes n'ont pas oublié que le cheikh a appelé de tous ses voeux à «une répression de l'Etat face au mouvement citoyen». Un mouvement qu'il n'a pas hésité à comparer aux terroristes. Aussi, le représentant du MSP ne s'attendait guère à recevoir les foules, loin de là. Mais stoïque comme il se doit en «territoire adverse» des thèses du MSP, M.Mokri a délivré un discours sans réel impact sur les populations. Ainsi, l'orateur a promis aux Kabyles, par l'intermédiaire de la petite lucarne, - s'ils votaient pour sa liste - la paix, le progrès et la fin de la hogra! M.Mokri n'a pas oublié de taquiner, sans les citer nommément, les partis ayant pignon sur rue en Kabylie, tels le FFS et le RCD. Pour lui, son parti est en mesure de régler les problèmes de la population, car ayant une présence nationale. Il fallait comprendre par là que les autres, et particulièrement le FFS et le RCD, ne sont que des formations régionales, encore une allusion à la limite de la correction qui rompt les ponts entre le MSP et la Kabylie. La liste que le MSP présente en Kabylie, notamment à Tizi Ouzou est, il est bon de le souligner, formée de gens pratiquement inconnus de la population.